Une touche enclenchée et c’est l’arrivée en enfer avec l’instrumental glaçant au titre prémonitoire, 'Infernum'. Les bases sont posées, l’heure qui démarre ici n’est pas dédiée à la légèreté ou aux blagues de Toto (aucun lien) mais s’apparente plus à suivre les pas d’un Virgile moderne en la personne de Sal Abruscato, ancien batteur de Type O Negative et Life Of Agony qui publie ici son quatrième album avec son groupe dantesque, A Pale Horse Named Death.
Les chansons sont comme autant de cercles que l’auditeur visite, fasciné par les paysages sonores et la lourdeur des ambiances. Les guitares sont acérées, les basses boueuses, la batterie martèle, le tempo se fait lent au point de ralentir le vol des corbeaux et des charognards, permettant aux voix sépulcrales de dériver au gré des courants sur la barque de Charon, le Styx réduit à un filet d’eau croupie charriant les décibels.
Les morceaux sont longs et lourds mais non dénués d’harmonies et de mélodies, les refrains s’insérant dans les crânes sans avoir besoin de recourir à d’autres instruments de torture que les cordes vocales distendues d’Abruscato ('Shards Of Glass', 'Slave To The Master'). Après bien des méandres le long des berges du doom, l’aventure se termine avec le piano esseulé de 'Souls In The Abyss', comme une supplique adressée à l’auditeur, un avertissement à quitter les lieux sans se retourner, au risque de ne plus pouvoir partir.
Alors tel Orphée fuyant Hadès avec Eurydice, la touche « répéter tout » enfoncée, le voyage se mue en cercle fermé, infini et infernal.
En sortir ? Dante rêve.