Il a mis du temps à l’assumer mais c’est chose faite. Non pas qu’il est le neveu de B.B. King, puisque son patronyme ne l’indique en rien, mais bel et bien qu’il est fait pour jouer du blues. Disons que la mort de son oncle a été un révélateur. Adieu son ancien nom de scène, Briar Rabbit, et bonjour Phillip Michael Scales le bluesman, ou du moins le songwriter qui injecte du blues dans ses chansons. Car oui, "Sinner-Songwriter" est bel et bien un album de blues, dont le principal intérêt est d’être profondément ancré dans son époque tout en étant irrigué par une culture afro-américaine ancestrale.
En effet, c’est bien à une façon moderne d’aborder le blues que nous convie Phillip Michael Scales. Ici, le blues rock côtoie la pop (‘Feels Like Home’), les chants gospel s’incrustent dans les chansons folk (‘Send Me There’, ‘Troubled Water’, ‘So Long Baby Be Good’) et les negro spirituals irriguent les titres les plus électriques (‘O’Hallelujah’, ‘Tell Me How I Sound Again’), rappelant ainsi les travaux de Zeal & Ardor, le metal en moins.
Pas de doute, Phillip Michael Scales sait écrire et composer des chansons dans un esprit soul contemporain, tout en gardant dans sa voix et dans son phrasé de guitare l’âme blues de ses ainés, comme sur l’excellent ‘When They Put Me In My Grave’, sur lequel il a la bonne idée de convier Archie Lee Hooker qui, lui, est le neveu de John Lee Hooker.
"Sinner-Songwriter" est un album agréable à écouter, empreint d’une modernité rafraichissante et d’une humilité qui, paradoxalement, est son principal défaut. Car si la musique de Phillip Michael Scales s’inscrit parfaitement dans son époque tout en assumant ses origines, elle manque malheureusement d’ambition pour tout à fait convaincre. L’Américain la qualifie lui-même de "Dive Bar Soul", nous ne pouvons que lui souhaiter de sortir rapidement de la clandestinité des bars enfumés de Chicago pour prendre son envol, car il a manifestement une place à prendre dans le blues moderne.