Le parcours de Frédéric Slama, maître à penser du projet AOR est peu banal, surtout pour un français ! L'artiste, qui a d'abord été journaliste, s'est installé à Los Angeles pendant quelques années et a côtoyé la crème des musiciens US. De solides liens qui lui ont permis, après deux albums solos, de se lancer en 2000 dans le projet AOR, projet qui ne peut mieux porter son nom et qui définit clairement l'orientation musicale.
Après deux premiers albums autofinancés, "L.A. Concession" en 2000 et "Next stop L.A." en 2001, AOR nous gratifie en 2002 du brillant "L.A. Reflection", un concentré de musique "Westcoast". Réédité aujourd'hui par MTM, il ne s'agit donc pas d'une nouveauté mais cette initiative doit être saluée car elle permet enfin à un plus large public, notamment européen, d'accéder à cet album déjà plébiscité par les fans américains et japonais.
La liste des musiciens qui ont participé à l'enregistrement est hallucinante avec à titre d'exemple : Tommy Denander (Radioactive), Steve Lukather et Jeff Porcaro (Toto), Michael Thompson, Tony Flanklin, Gregg Bissonette...Du bon et gros calibre !
Musicalement, cette galette exhale le soleil californien à plein nez. Tous les musiciens, vedettes reconnues ou requins de studio plus obscurs, maîtrisent leur art sur le bout des doigts ce qui, malgré la le nombre imposants d'intervenants, confère à "L.A. Concession" une unité jamais prise en défaut.
Les hostilités démarrent avec "Never gonna let her go", morceau représentatif du savoir-faire AOR : Claviers cristallins, basse bien ronde, voix claire et choeurs très mélodique, la filiation avec Toto est assez évidente. Les guitares sont plutôt discrètes, hormis sur une petite mais efficace incursion en solo qui vient électriser ce long fleuve tranquille...
Tout au long des 12 titres (16 en incluant les bonus), le tempo est plutôt soft, voire très cool ("On dangerous game"). Les amateurs de double grosse caisse seront dépités. Ici, c'est plutôt calme et volupté, une question de climat sans doute.
Au rang des meilleurs titres, et ils sont nombreux, "In my crystal ball" qui nous transporte dans un univers groovy à souhait, "Only in my dreams", une ballade à l'émotion palpable et au refrain simple mais si efficace, "From L.A. to Tokyo", titre au rythme plus enlevé et aux contours plus rock, tout comme "Don't let her go" qui nous offre au passage un grand numéro de basse slap.
Pour finir en beauté, pas moins de 4 titres bonus viennent agrémenter cette réédition. Leur qualité sonore est inégale mais...c'est du bonus et cela nous permet de prolonger encore un peu le plaisir avec, en clôture, une version instrumentale transfigurée du titre d'ouverture. Sa relecture sous un angle jazz-rock est particulièrement jouissive et réussie et l'on pourra y apprécier en prime un grand numéro guitaristique.
Les fans de Frédéric Slama et de sa musique léchée auront été gâtés en 2006 : Un nouvel album studio ("L.A. Attraction") plus rock que les précédents et paru plus tôt dans l'année et cette réédition "Westcoast" pour accompagner vos réveillons et cotillons. Et puisque nous sommes à l'heure des voeux, souhaitons que 2007 soit également une année aussi fertile pour l'artiste, tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
La synthèse d'AOR : Un artiste compositeur français, entouré des meilleurs musiciens américains, produit par un suédois (T.Denander) et édité sur une label allemand : J'ai compris, c'est sans doute ça la mondialisation ! Dans ce cas, j'applaudis des deux mains.