C’est American Idol - la Nouvelle Star américaine - qui a fait connaître Chris Daughtry au grand public en 2006. Classé quatrième de l’épreuve, il en fut pourtant bel et bien la révélation. Son premier album éponyme paru la même année a fait un carton, suintant de guitares post-grunge et promettant au talentueux chanteur un bel avenir. Ses deux opus suivants virent le soufflé perdre un peu de sa superbe bien qu’un succès relatif fût encore au rendez-vous. En 2013 l’album "Baptized", plus pop que rock, déçut les fans et Daughtry redescendit de son piédestal. Si "Cage To Rattle" a quelque peu redressé la barre en 2018, il n'a fait que révéler de timides hésitations du frontman à revenir à ses premiers amours. Voilà qui était trop peu pour rameuter au bercail les troupes d’antan, mais suffisant pour qu’elles accordent un certain intérêt à l’annonce de la sortie du sixième opus de l’Américain. Le retour aux sources tant attendu est-il de mise avec ce "Dearly Beloved" ?
A l'écoute, la réponse à cette taraudante question ne tarde guère : Chris Daughtry a eu raison de quitter le label RCA et d’autoproduire son nouveau présent. Finies les obligations contractuelles qui imposaient à l’artiste de faire dans la pop formatée pour attirer l’auditeur radiophonique, désormais le chanteur-guitariste fait ce qu’il lui plait. "Dearly Beloved" est donc un album de rock, flirtant avec le hard rock, et virant parfois au metal, guidé par une approche moderne et alternative, tout en restant easy listening grâce à une constance mélodique indéniable. Les guitares y sont particulièrement acérées et la performance vocale de Chris Daughtry y est tout à fait exceptionnelle. Ce garçon magnifie tout ce qu’il touche et il performe quel que soit le titre interprété, même lorsqu’il sort de ses styles musicaux de prédilection. Ainsi, il a séduit des millions d’Américains l’an passé avec ses prestations rayonnantes durant l’émission The Masked Singer où il s’est essayé à un répertoire différent du sien.
Treize titres parsèment cet album. Plus de la moitié d’entre eux sont des hits en puissance qui pourraient truster les ondes radio, les autres compositions méritant toutefois bien des étoiles. Citons pour commencer le single 'Heavy Is The Crown' et son entame paisible avant que les guitares ne pourfendent les notes de piano initiales et que Daughtry ne catapulte un énorme refrain dont il a le secret. 'Changes Are Coming' suit le même trajet, une approche calme et trompeuse, puis une section rythmique envoyant un déluge de feu pour irradier un refrain hymnique. Nous ne sommes pas loin ici d’Alter Bridge. Evoquons également d'un côté les tempêtes déclenchées par 'Asylum' et 'The Victim' sur lesquels plane l’ombre de Sixx A.M.. Et à l'opposé, les accalmies proposées par 'Call You Mine', ballade où Christopher Cross et Rick Springfield nous font un clin d’œil, et 'Somebody', mid-tempo biberonné aux sons de Mark Spiro, de Coldplay et de Levara.
Chris Daughtry s’est libéré de ses chaînes, et c’est une excellente nouvelle. Ce retour aux sources tant attendu, couplé à une approche plus moderne et à des sons plus alternatifs, va à n’en pas douter satisfaire le public qu’il avait perdu en route ces dernières années. Il est même fort probable que de nouveaux adeptes viennent rejoindre la troupe des aficionados, notamment ceux qui, peu attirés par les sons musclés, n’avaient pas prêté attention à l’artiste à ses débuts. La vitrine télévisuelle dont il a profité l’an passé, conjuguée aux tendances radiophoniques de ce "Dearly Beloved", pourrait en effet lui permettre de glaner de nouveaux suiveurs.