NEWMAN: Into The Monster's Playground (A.O.R.) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Il se passe un peu toujours la même chose avant de découvrir un nouvel album de Newman : le Britannique a une identité déjà tellement marquée avec son délicat équilibre entre AOR finement ciselé et hard mélodique énergique que nous avons à chaque fois l'impression qu'il ne réussira pas à nous surprendre. Et pourtant, il parvient systématiquement à glisser les quelques éléments qui vont nous accrocher sans dénaturer sa marque de fabrique. Et ce n'est pas "Into The Monsters' Playground" qui va déroger à la règle.

Pour cette nouvelle livraison, Steve Newman s'est à nouveau occupé de tout, en dehors de la batterie confiée, comme d'habitude, à son vieux complice Rob McEwen. La seule différence notable par rapport à "Ignition" (2020) est l'absence totale d'invités. Une fois de plus, la production est impeccable tout en offrant une approche un peu plus tranchante, en particulier au niveau des guitares. Ce qui frappe le plus à l'écoute de ces douze titres, c'est leur richesse. Non seulement Newman offre désormais des refrains hyper accrocheurs mais, au-delà de cet élément indispensable à un album réussi dans le domaine du rock mélodique, il prend bien soin de jouer sur les variations d'ambiances et de tempi. L'expérience de l'artiste au sein de Compass a visiblement laissé des traces et nous flirtons parfois avec le progressif tant il prend le temps de développer toutes les facettes de certains titres ('This Life Alone').

Ce qui est particulièrement étonnant, c'est cette faculté à utiliser une recette reconnaissable sur chaque titre, mais d'en modifier suffisamment les ingrédients pour éviter les redites et pour rendre l'ensemble captivant. Il n'est pas rare que Newman joue sur l'alternance de couplets calmes, voire aériens ('Lightning Tree', 'Shadows Of Love') avec des refrains catchy et imparables ('Timebomb', 'Icon') mais les éléments différent dans leur dosage et leur ordonnancement et envoutent systématiquement l'auditeur. Un titre tel que 'Give Me Tonight' ne manque pas sa cible tout en nous surprenant avec son riff teigneux et sa batterie épileptique qui cèdent finalement la place à un long solo de guitare tout en émotion. Il faut d'ailleurs souligner que les soli sont tous lumineux et profitent du temps nécessaire pour se développer. Enfin, nous noterons les clins d'œil discrets adressés à quelques glorieux anciens. En effet, il est facile de deviner l'ombre fugace d'un Scorpions, époque "Savage Amusement", sur l'introduction de 'I'll Be The One', ou celle discrète de Foreigner au travers des claviers de 'Spirit Cries' ou du refrain de 'Shadows Of Love'.

"Into The Monsters' Playground" est une nouvelle démonstration du talent de Newman et sa pochette illustre parfaitement le tourbillon mélodique qui emporte tout sur son passage. Avec cet album, Steve Newman prouve qu'il est toujours capable de nous surprendre et de nous captiver tout en respectant un cahier des charges qui fait son identité. Voici un bien bel ouvrage qui peut prétendre au titre d'album de l'année dans sa catégorie et qui confirme le leadership de son auteur dans ce genre pourtant encombré.

NEWMAN

INTO THE MONSTER'S PLAYGROUND

AOR HEAVEN

A.O.R.