ELTON JOHN: Regimental Sgt Zippo (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Privé de tournées et s’ennuyant ferme lorsqu’il est confiné, Elton John donne l’impression qu’il n’est pas vraiment prêt pour prendre sa retraite. Ce sont donc deux albums qu’il propose en 2021 : "Regimental Sgt. Zippo" et "The Lockdown Sessions". Si ce dernier est composé de duos souvent surprenants, c’est au premier que nous allons nous intéresser ici. En effet, celui-ci n’est paru qu’en format vinyle et revêt un intérêt historique important puisqu'il n’est ni plus ni moins que ce qui aurait dû être le véritable premier opus de la désormais légende planétaire. Finalement supplanté par "Empty Sky", il restera plus de 50 ans dans les cartons jusqu’à ce que Sir Reginald se décide à le présenter à nos oreilles qui en ignoraient l’existence, même si certains titres apparaissaient déjà dans le coffret "Jewel Box" paru l’année dernière.

Alors qu'attendre de cet opus à la pochette colorée et laissant deviner un Elton John portant d'étonnantes bacchantes ? A vrai dire, c'est essentiellement l'intérêt historique qui prime à l'écoute de ces douze titres dont la plupart sont très inspirés par les stars incontestées de l'époque : les Beatles. Enregistré entre novembre 1967 et mai 1968 par un artiste au talent incontesté et incontestable mais cherchant encore sa véritable identité esthétique, il pouvait difficilement en être autrement, même si l'ombre d'autres formations de l'époque plane parfois également sur certaines pièces. Difficile de ne pas penser aux Moody Blues ou à Barclay James Harvest sur les bucoliques et orchestraux 'Tartan Coloured Lady' et 'Hourglass'.

Il serait cependant injuste de réduire ce "Regimental Sgt. Zippo" à un simple album des fabulous four interprété au piano par Elton John. Avec des titres d'une pop psychédélique souvent entrainante et optimiste, traduisant la fraîcheur et l'insouciance d'une époque, le duo que l'artiste forme déjà avec Bernie Taupin propose des compositions attachantes jouant parfois sur une douceur envoûtante ('Sitting Doing Nothing'). Il sait déjà se montrer ambitieux sur un titre éponyme plus élaboré ou un 'Nina' baroque et sauvage, balayé par le vent de la passion. Enfin, 'Watching The Planes Go By' vient clôturer l'ensemble en laissant clairement deviner ce que deviendra la marque de fabrique d'Elton John dans les prochaines décennies.

Au-delà du témoignage historique et de la découverte qu'il représente, "Regimental Sgt. Zippo" n'en est pas moins un opus à la légèreté rafraîchissante, témoignage d'une époque insouciante et à la créativité débridée. Il aurait également été dommage de passer à côté de ce qui aurait dû être le premier véritable album de la légende britannique, sortant ainsi des cartons une œuvre qui passionnera les fans mais aussi les amateurs du Rock avec un grand R, celui qui traverse les décennies porté par des artistes aux monumentales carrières.

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