Séquence "souvenirs" : en 2003, un extra-terrestre bordelais nous envoie un album intitulé The Mediation Project Vol. 1... je glisse l'objet dans ma platine et, dès les premières mesures, jette un rapide coup d'oeil sur la pochette : eh oui, il s'agit bien d'un français mais qui semblerait avoir été élevé avec Devin Townsend.
A l'époque, après un travail conséquent de digestion de l'album tant il était relativement difficile d'accès, je n'avais pas hésité à parler de génie.
Cette fin d'année 2006 voit l'arrivée du second opus du jeune homme et la première impression est "on prend les mêmes et on recommence".
Deux attitudes sont donc possibles : soit on exige d'un musicien qu'il se renouvelle sans arrêt, et on court à la déception, soit on apprécie chaque album pour ce qu'il est et on crie au génie une seconde fois.
Sauf que cette année, c'est du personnage que je commencerai par parler.
L'artiste est complet et s'adonne à l'écriture, à la photo et au cinéma en plus de la musique. Je ne vous dirai pas s'il fait preuve d'autant de talent dans ces domaines car je n'ai pas eu le temps de m'y pencher sérieusement mais je ne peux que vous encourager à visiter son site pour de plus amples informations. Il est trop rare de rencontrer des artistes complets pour se permettre d'oublier de le signaler quand cela arrive.
Et comme tout artiste complet, il ne s'agit pas simplement ici de faire de la musique mais de suivre une démarche intellectuelle bien précise.
Si j'en crois ses dires, Guillaume Cazenave avait en tête une suite du premier album extrêmement ambitieuse et complexe (je résume mais l'esprit y est). Le problème avec l'ambition et la complexité, c'est qu'on se fixe parfois des objectifs inaccessibles et c'est ce qui est arrivé ici. Le musicien a donc réduit le périmètre de son projet pour nous proposer ce "Second System Syndrome" qui s'inscrit parfaitement dans le sillage de son grand frère mais n'apporte clairement rien de plus.
C'est toujours aussi délicieusement noir, aussi effrontément difficile à apprivoiser, autant bourré de sonorités électroniques et toujours dans l'esprit du Mediation Project Vol. 1
Des rythmes entêtants, des bruitages à profusion et des voix hurlantes sur fonds de riffs vous plongeront à nouveau dans le monde noir de Guillaume Cazenave, qui confirme donc une nouvelle fois ses talents de compositeur et de multi-instrumentiste.
Ainsi, plutôt que de me répéter, je préfère vous renvoyer à la chronique du premier album pour de plus amples détails.
Personnellement, j'adore et j'y retourne de ce pas mais que les allergiques aux musiques sombres ou au premier album passent leur chemin, ils auront été prévenus.