La pandémie de coronavirus aura fait beaucoup de mal à bien des niveaux. Alors que le monde se recroquevillait sur lui-même en mars 2020 et que l’humanité toute entière était plongée dans l’expectative, dans un climat de peur mêlé à un sentiment d’inconnu, quelque part au Brésil, dans la ville de São Paulo, un homme était en passe de concrétiser son rêve : celui de lancer son projet musical, Athemon.
Passionné de metal, et notamment de progressif, le dénommé Adriano Ribeiro contacte à tout hasard un certain Tom MacLean, connu pour avoir été le bassiste de Haken jusqu’à la sortie de leur album “The Mountain” en 2013. Tom faisant alors de la pub pour son studio de production basé en Angleterre, Adriano espère simplement un retour du talentueux bassiste. A la place, celui-ci tombe sous le charme de la musique du musicien brésilien et lui propose de rejoindre le groupe en plus de s'occuper du mixage ! Le projet se concrétise alors.
Mixé par Tom MacLean, donc, et masterisé par les ingénieurs du son de Fascination Street Studios, mondialement reconnus sur la scène metal, ce premier opus d’Athemon verra le jour de la plus belle des manières. Alliant beauté et noirceur comme aime le décrire le duo, ce disque est teinté d’une lourdeur paradoxalement porteuse d’espoir, déclinant des riffs sauvages façon Mastodon (‘Whispers’) et des arpèges dissonants à la Opeth (‘Perception’, ‘Seed Of Change’), contrastés par des envolées plus lumineuses (‘Birth’, ‘Reaching Deepness’).
Mais plutôt que de proposer un mélange d’influences de ces groupes-là, Athemon va même jusqu’à créer sa propre identité, au travers d’un album que l’on peut percevoir comme étant constitué d’une longue chanson de 50 minutes, elle-même subdivisée en 9 parties, extrêmement cohérentes et liées les unes aux autres. On sent déjà une volonté chez le groupe de proposer un univers personnel présentant des caractéristiques notables et des fulgurances très bien senties au niveau de la composition (‘The Glass Hindered Us’, ‘Whispers’).
Alors qu’Adriano Ribeiro n’était initialement pas certain d’être le chanteur qu’il fallait pour ce projet, après s’être persuadé de l’inverse à force de travail, il nous délivre une performance majuscule et brillante de justesse et de singularité. Impressionnant dans les voix de poitrine très puissantes et profondes (‘Reaching Deepness’, ‘Whispers’), il s’illustre également dans des registres différents comme le chant guttural comme sur le corrosif et progressif ‘Seed Of Change’, et aussi dans un registre plus schizophrénique afin d’illustrer le dialogue d’un homme entre lui et son esprit dans sa quête d’évolution personnelle. Les harmonies vocales sont légion sur cet album et rappellent Alice In Chains, aussi bien dans l’interprétation que dans le côté dissonant ou parfois presque malsain de la musique, venant accrocher l’oreille de l’auditeur avec une gestion de la dissonance impériale.
Tom MacLean, qui s’était plutôt illustré dans des lignes de basse aventureuses jouées aux doigts sur les projets qui l’ont fait connaître, s’illustre ici de la plus belle des manières, tantôt en soutenant à juste titre les rythmiques afin d’ajouter un soupçon de lourdeur, tantôt dans des développements plus alambiqués propres au metal progressif (‘I Voice Of Mine’, ‘Whispers’ - oui, ce titre est incroyable).
En sortant cet album, Adriano Ribeiro a concrétisé son rêve, ou plutôt son premier rêve, car comme il l’indique dans son interview à retrouver sur Music Waves, l’aventure Athemon n’en est qu’à son commencement ! C’est en tout cas ce qu’on leur souhaite, car en confirmant leurs qualités, les musiciens pourraient réellement franchir un cap et asseoir leur notoriété sur la scène metal.