Kayo Dot célèbre ici son dixième album studio en presque vingt ans et complète un cercle. L’homme derrière le groupe, la tête pensante génératrice de sensations sonores depuis les débuts, le multi-instrumentiste Toby Driver, continue d’enfoncer les frontières musicales et styles en tous genres à grands renforts de cris stridents, de riffs pesants et de rythmes composés.
Né des cendres du groupe culte d’avant-garde Maudlin of the Well, Kayo Dot n’a de cesse de brouiller les pistes et de proposer autre chose, une autre voie, une autre voix. Les morceaux tiennent autant du black metal que de l’atmosphérique, s’étalant en moyenne autour des huit minutes, comme autant de films défilant sur la rétine de l’auditeur hagard. Ici, point de singles et autres remixes, les sept titres se dévoilent dans leur continuité afin de ne former qu’une seule et même histoire, faite de noirceur (‘Spectrum Of One Colour’) mais aussi de mélancolie (‘Void In Virgo’) ou de rage (‘The Knight Errant’).
On pense à The Cure avec la basse au médiator de ‘Get Out Of The Tower’, un peu comme si Trent Reznor avait recruté le meilleur de la new-wave avant de donner le micro à Phil Anselmo période Pantera et les clés de la composition à Killing Joke. L’album tout entier est un voyage, un condensé de sensations où les mots n’ont plus de sens. En ont-ils jamais eu ? Les sons ici parlent plus au cœur et à l’âme que n’importe quel discours.
La mousse a peut-être recouvert les épées mais cela n’empêche pas Kayo Dot d’entrer jusqu’à la garde dans le vif du sujet.
Plus que de la musique, des lames de fond.