Le nouvel album de Therion voit le jour presque trois ans après le diptyque "Lemuria/Sirius B". Ces deux albums montraient un groupe au sommet de son art proposant un métal symphonique et orchestral à son apogée. D’ailleurs en 2005, dans un coffret superbe, "Celebrators of becoming", le groupe proposait une superbe anthologie live en quatre DVD et deux CD comme pour tourner une page avant d’entamer un nouveau chapitre.
Ce nouveau chapitre est donc "Gothic Kabbalah". Encore une fois c’est un double album avec pour différence une durée plus courte que ses prédécesseurs et surtout, s’il se présente comme le troisième volet d’une quadrilogie entamée avec Lemuria et Sirius B, il s’en trouve musicalement fort éloigné. Therion démarre ainsi une nouvelle ère en renouvelant largement sa musique et en évitant le risque de redite.
Ce "Gothic Kabbalah" est en première écoute assez déroutant. Therion nous propose une musique plus épurée. Les chœurs et arrangements orchestraux ont presque disparu tout comme le côté classique pour donner plus de place au chant et aux guitares. Si cela peut apparaître décevant au premier abord, quelques écoutes suffisent pour balayer cette première impression et apprécier à sa juste valeur la musique qui reste riche et passionnante.
De nouveaux aspects de Therion sont mis à jours tout au long de ces deux disques. Tout d’abord, les titres sont plus vite assimilables – presque commerciaux – avec quelques touches folk intéressantes. Ensuite c’est du coté du chant que les changements sont les plus impressionnants avec un aspect death curieusement absent. La raison vient sans doute de l’abandon de ce poste par Christoffer Johnsson pour laisser la place à divers vocalistes tels Mats Leven, déjà présent auparavant mais intégré comme membre à part entière, ou encore le nouveau venu Peter Karlsson qui apporte un plus indéniable à l’ensemble. N’oublions pas la gente féminine représentée ici par une voix soprano d’opéra et un type de chant plus pop rock, renforçant le côté accessible de l’oeuvre.
Malgré ces changements, la griffe du groupe se retrouve à chaque instant. L’ambiance dégagée tout au long du disque est typiquement Therion avec notamment ce fameux côté mystique qui happe l’auditeur dès les premières mesures…
Au contraire d’un "Lemuria" qui peinait un peu sur sa fin, la formation par l’apport de compositeurs supplémentaires a su trouver une nouvelle énergie créatrice. Les titres qui composent l’album présentent un métal qui garde un côté symphonique – certes allégé - avec une légère face gothique et un côté heavy assez présent.
Dès 'Mitternacht Löwe', on rentre donc dans le nouvel univers du groupe et le chant soprano aide à retrouver ses marques rapidement, avant, avec le titre éponyme, de découvrir la facette plus folk et plus assimilable du groupe. Ce morceau est un tube en puissance au refrain immédiat.
On trouve juste après dans une veine gothique un single évident - chose jusqu’ici rare chez Therion - portant le nom de 'The Perennial Sophia'.
La suite des deux disques est un voyage entre passages plus théâtraux, 'Close up the streams', passages bien heavy, 'The Winsdom and the cage' ou 'The Trinity' avant de finir sur un morceau énorme de 12 minutes, 'Adulruna Redivivia', qui sonne comme un mixe de ce que faisait Therion avant et leurs inspirations actuelles.
Therion a donc sorti son opus le plus commercial de sa carrière mais ce que le groupe a perdu en complexité, il l’a gagné en musicalité. Si le travail vocal reste sans conteste le point fort de l’album il ne faudrait surtout pas occulter la force des passages instrumentaux lyriques et épiques. Le plaisir d’écoute s’avère immense et cet album pourrait bien permettre au groupe de gagner un public métal un peu plus éclectique. On peut dire que ce début d’année commence très bien…