Il y a quelques années de cela, un beau soir à la télé, Jean-François Zygel invitait dans sa "Boite à Musique" un duo bardé d’un instrument étrange venu des contrées nordiques, le Nickelharpa, donnant ainsi une occasion unique à Octantrion de faire découvrir sa musique aux téléspectateurs ébahis, parmi lesquels votre serviteur immédiatement conquis par cet étrange mélange de violon et vièle à roue. Pour ce deuxième album composé autour de la thématique du corbeau, symbole des cultures païennes nordiques/vikings, et présentant à la fois des arrangements de titres traditionnels et des compositions originales, le duo formé d’Eléonore Billy et Gaëdic Chambrier s’est entouré de six musiciens additionnels, parmi lesquels on note la présence de Cécile Corbel et de sa harpe.
C’est pourtant a cappella avec des harmonies vocales qui se superposent que s’ouvre ce nouvel opus, avant que les différents instruments à cordes ne viennent enrichir un propos qui rappellera aux amateurs les grandes heures de Malicorne. Les plages suivantes se présentent sous une construction similaire avec une musique montrant peu de changements de tonalité, dont la mélodie propose une répétition de motifs bardés de subtiles variations tant rythmiques que mélodiques qui peu à peu font monter une irrépressible envie de danser (‘Hugin’, ‘Strömkarlen Spelar’). A l’exact opposé de ces différents morceaux instrumentaux qui ne sont pas sans évoquer dans leur structure la musique médiévale, ‘The Dead King’ nous emmène quant à lui dans une rythmique lancinante et langoureuse aux accents jazzy, le tout dans une savoureuse ambiance de coin du feu.
Au fil des minutes, on se laisse embarquer dans cet univers particulier porté par des instrumentistes formidables dont la démarche, même si le rendu s’avère différent, évoque un autre duo bien connu et apprécié dans nos colonnes, à savoir Dead Can Dance. Amateurs de Musique avec un grand M, vous qui êtes ouverts à la diversité, précipitez-vous sur "II". Nul doute qu’Octantrion saura vous régaler l’esprit autant qu’il a pu le faire un soir dans la lucarne pour les nombreux téléspectateurs présents devant leur boîte à images ce jour-là.