Les Suisses de Prisma proposent avec leur premier album Collusion une musique détonante alliant rock progressif et guitares presque heavy. On pense à des formations comme Oceansize ou Sylvan, mais plus puissante que le premier et au coté progressif plus discret. Le groupe ne se complait d’ailleurs pas dans la démonstration technique et ne propose que rarement de morceaux aux structures complexes.
Mais cette hybridation de genres comporte un effet à double tranchant. Car si elle permet au combo de se démarquer dans un style assez unique, cela peut se faire au détriment du public. Il apparaît effectivement comme difficile à Prisma de trouver son auditoire tant la musique proposée par les quatre Suisses peut diviser. A la fois trop puissante pour le public rock, de part les riffs heavy distillés çà et là, elle peut aussi sembler trop rock du fait qu’il manque une guitare rythmique pour le metalhead lambda.
Ceci mis à part, Collusion est un premier essai des plus concluant. Les membres de Prisma font montre d’un professionnalisme étonnant et d’un talent de compositeurs rare. Des morceaux comme Perserverance ou Paragon sont là pour en témoigner.
Le niveau technique est excellent. Le chanteur livre une prestation exemplaire et la production est on ne peut plus soignée, surtout pour un premier album. Le guitariste Valentin Grendelmeier est particulièrement inspiré, que ce soit dans son travail rythmique ou lors de ses excellents soli, celui de Normale State en tête. L’utilisation parcimonieuse d’éléments symphoniques est judicieuse et évite une homogénéité trop prononcée.
Certains choix sont discutables, comme l’effet permanent sur la voix de Michael Luginbuehl assez irritable ou l’aspect brut, sec de la production, mais rien d’alarmant n’est à signaler. Ce premier album est des plus encourageants pour le futur de Prisma