Black Hellebore est né de la rencontre de Cyrielle Duval (chant), Anthony Osché (guitare) et Stefan Forté. Cette formation propose un premier album, “Disorder”, dont les titres ont été composés par la tête pensante de Adagio. La musique puise ainsi son inspiration dans un metal énergique aux multiples couleurs. Mais loin d’être un énième disque de metal progressif, le disque synthétise de multiples styles, brouille les pistes, montrant que les musiciens désirent y voler de leurs propres ailes.
L’énergie du disque est débordante, comme sur ‘Unchain’ qui s’aventure à la limite du thrash, ou sur ‘Open Up Your Mind’ qui l'intensifie à l'aide d’une voix grondante. Cette puissance est un point très positif, surtout quand elle est soutenue par de belles mélodies. C’est le cas de ‘Mother Earth’ qui permet à Cyrielle d’imposer son grain de voix. Une douceur y naît avec ses sonorités qui rappellent ‘Hijo De La Luna’ (Mecano). Les morceaux de bravoure sont nombreux avec une six-cordes qui oscille entre phrases dans la pure tradition heavy et passages intimistes, les influences éclatant en de multiples variations irisées. La variété est le point central du disque, qui pioche dans plusieurs formes de metal, dans l'électro, qui propose des pointes de jazz ou des orchestrations discrètes (‘Release Me’).
Le tableau aurait pu être idéal, mais quelques points négatifs viennent le ternir. D’abord la variété ne permet pas d'étiqueter facilement la musique, puis, et surtout, la voix de Cyrielle semble parfois écrasée par la production ou comme manquer de relief (‘My Difference’). Un sentiment étrange naît. Est-ce qu'à trop vouloir être original, le groupe perd un peu l'essentiel et finalement manque... d'originalité ? Car le disque se stabilise sur sa position d’équilibre et quand il cherche à s’en échapper, il y revient invariablement. Même si les musiciens proposent des riffs thrash, ponctuent leur musique de passages jazz, de piano intimiste ou de parties acoustiques et composent de belles orchestrations, cette variété sonne comme quelque chose de déjà entendu.
Black Hellebore nous propose avec “Disorder” un album efficace entre thrash, heavy, douceur et symphonisme discret, ordonné, très carré, mais pas aussi surprenant qu'il aurait pu l'être avec Stefan aux commandes. Cela laisse un goût de trop peu, comme une histoire inachevée qui, espérons-le, sera complétée bientôt.