Après 11 ans d’existence, Abbygail sort son troisième opus intitulé "Still Burning…". Un cap reconnu important pour tout groupe de rock qui se respecte. Originaire d’Orchies dans les Flandres, le quintet français est avant tout une histoire lancée en 2010 par Luke Debruyne (guitare et chœurs) et Pascal Roszyk (basse). Après un EP éponyme en 2014 et deux opus longue durée ("Electric Lady" en 2017 et "Gun Control" en 2019), les Nordistes se sont enfermés dans le studio de leur leader et guitariste pour mettre en boite une douzaine de titres qui sentent bon le hard rock traditionnel joué par une bande de potes qui ne cherchent pas à renier leurs influences.
Difficile en effet de ne pas comprendre que les mecs ont été biberonnés aux riffs des frères Young (‘My Religion’, ‘Magic Finger’, ‘Gamebae’), de Michael Schenker (‘Wild Horse’, ‘Pale Blue Dot’) ou de Tommy Iommi (‘The Enemy You Love To Hate’). La production est faite maison, ce qui renforce le côté revival de l’ensemble. De son côté, la section rythmique sait mettre en place des fondations solides et efficaces. Bien qu’ayant concentré les titres aux influences AC/DCiennes sur le début de l’opus, Abbygail réussit néanmoins à varier les ambiances et n’hésite pas à s’aventurer sur des terrains bluesy aux paroles grivoises (‘The Night Before’), ou d’autres plus hard-rock’n’roll aux effluves zeppeliniennes (‘The Answer’). Le quintet est également capable de dégainer une ballade aux accents folk-rock (‘Man On The Shelf’) ou d’enfoncer l’accélérateur le temps d’un ‘Five And Still First’ qui n’est pas sans rappeler un Rose Tattoo sans la slide.
Rien de très original, certes, mais tout cela est balancé avec sincérité et authenticité. Quelques petites réserves pourront être apportées sur le chant de Bertrand Roussel qui, s’il œuvre dans un registre proche de ceux de Phil Mogg (UFO) ou de Graham Bonnet (Rainbow, M.S.G., Alcatrazz…), ne possède ni le flegme du premier, ni la puissance du second. L’interprétation est juste et ne souffre pas d’un accent trop marqué, mais elle manque cependant de relief et certains titres auraient probablement gagné en impact avec plus de nuances et de puissance (‘Man On The Shelf’, ‘The Answer’). Cela n’empêche pas l’ensemble d’être accrocheur avec des pièces clairement taillées pour le live, en particulier un ‘Gamabae’ au profil d’hymne à hurler dans la fosse.
Si "Still Burning…" ne s’impose pas comme un incontournable du genre, il n’en est pas moins un bon représentant, étalant son savoir-faire, sa sincérité et son énergie bon enfant. Avec ce troisième opus, Abbygail confirme qu’il est une valeur sûre du paysage hexagonal et que sa réputation scénique s’appuie sur un véritable talent en matière de composition. Si quelques faiblesses mériteraient d’être gommées, elles font également partie du charme du groupe en traduisant son honnêteté et son authenticité, autant de qualités incontournables dans ce style musical. Alors merci messieurs de continuer à porter le flambeau. C’est grâce à des musiciens tels que vous que le hard rock garde sa fierté et sa crédibilité.