"J’ai attrapé un coup de soleil". Richard Cocciante ne connaît peut-être pas Sun Below, et l’inverse est également probable, mais rarement paroles auront été aussi prophétiques. Car ici le soleil d’en-dessous ne brille pas, il se liquéfie, coule au fond du Styx et entraîne avec lui les velléités de l’auditeur à rester impassible.
Trio stoner venu d’un pays où le désert est une vue de l’esprit, Sun Below invoque Black Sabbath au milieu des étendues blanchies par la neige de Toronto et fait fondre l’auditeur en même temps que la couverture immaculée qui recouvre le monde.
Neuf titres comme autant de décharges boueuses où la basse règne en maitresse de cérémonie, sinuant tel un serpent venimeux aux bourdonnements rythmiques imparables (‘Green Visions’, ‘Doom Stick’) épaulée par une batterie semblable à une enclume (‘Twin Worlds’) et des guitares arpentant tout le spectre sonore, du riff maladif au staccato impossible en passant par des sons que le monde de la surface ne pourrait nommer. L’épopée le long de ce fleuve des enfers dépasse l’heure malgré le nombre relativement faible de titres car ces derniers se permettent de durer jusqu’à 18 minutes afin d’enfoncer l’aiguillon sombre plus profondément dans les chairs.
"J’dors plus la nuit, j’fais des voyages sur des bateaux qui font naufrage". Peut-être que Richard Cocciante connaît bien Sun Below, finalement…