ADORE est un groupe qui s'est forgé une solide expérience au fil de concerts et de spectacles vivants mis en péril au cours de ces deux dernières années. En six ans d'existence, le combo parisien a usé des cordes et des peaux de batterie dans les plus belles salles de la ville lumière afin de peaufiner son projet construit autour du thème de l'introspection. Car pour les musiciens, le rock énergique et l'aspect regard tourné vers soi-même n'est pas antinomique, bien au contraire.
Après un EP, le groupe franchit le pas d'un album (certes court mais album tout de même) "Upside Down" qui démarre sur les chapeaux de roues avec 'Fading Away' à la mélodie irrésistible et à la rythmique infernale. Adrien en charge des compositions et de l'interprétation maîtrise son sujet avec un timbre suffisamment puissant pour assurer les passages les plus nerveux. Les riffs constituent par définition l'épine dorsale d'un album qui passe très vite, passant d'un morceau punk rock ('Burning') à de l'alternatif ('My Favorite Girl' rappelant un peu Offspring) brut de décoffrage. Mais le groupe distille aussi savamment des éléments plus classiques et groovy comme en témoigne 'One Thing About You' qui du haut de ses courtes 2 minutes 40 sonne relativement vintage.
Dire que le groupe n'est qu'énergie et brutalité (dans le bon sens du terme) serait réducteur. ADORE nous surprend là on ne l'attendait pas avec une ballade électro acoustique de toute beauté ('You Were My'), empreinte d'une sensibilité dont on ne se serait pas douté. D'une simplicité apparente, elle distille une légère progression qui conduit à un final qui en devient presque tragique avec des mouvements post rock rappelant Anathema. Les morceaux sont relativement courts (environ quatre minutes), laissant peu de place à une expression musicale le plus souvent tendue et dans une certaine urgence. On regrette qu'il n'y ait pas de plus longs développements instrumentaux, d'autant que les musiciens sont talentueux. Mais cela n'entame en rien le plaisir d'écoute de cet album finalement varié se terminant sur un morceau épuré ('Emptiness Of The Mind') qui s'intègre bien au concept d'introspection.
Avec sa dualité brute et apaisante, "Upside Down" est un second essai concluant de la part d'un groupe qui doit persévérer dans ses contrastes et ses développements pour insuffler un surplus de relief à sa musique qui n'en manque déjà pas. On adore, tout simplement.