Pour ce second opus de son projet, Lars Eric Mattsson ("Monsieur Lion Music" en personne), a recruté un line-up différent de celui figurant sur le premier album : si on retrouve le fidèle Eddie Sledgehammer à la batterie, on a cette fois seulement quelques invités : le virtuose Anand Mahangoe joue trois solos de guitare et l'Italien Mistheria en joue 4 aux claviers, et il y a même un certain Jeff Bollinger pour jouer quelques parties de violon. Côté chant, on trouve Bjorn Jansson (Tears of Anger) et l'excellent Martin LeMar (LALU, Tomorrow's Eve), chacun sur trois titres. Mattsson lui-même, en plus des guitares, de la basse et des claviers, s'est également mis au chant… sur 5 morceaux, en fait. Une initiative assez risquée car son timbre medium/aigu, un tantinet plaintif et nasillard, est plutôt fragile mais pas désagréable sur la longueur, même si on aurait aimé que Martin LeMar participe davantage.
Côté musique, on remarque immédiatement une évolution. Là où le premier volume donnait en majorité dans un power metal épique et mélodique, mais assez furieux (avec en plus les solos ultra-rapides de Rusty Cooley !), ce nouvel album est à la fois plus progressif et plus accessible, très mélodique, avec quelques influences classiques assez nettes, des tempos variables et complexes. Au cœur de ces 55 minutes réparties sur 11 titres, il y a toujours des morceaux rapides et épiques, oui, mais aussi des passages lents, calmes, trois ballades ou pseudo-ballades, des ambiances orientalisantes et les claviers sont omniprésents. Piano, solos avec des timbres de type minimoog, orchestrations de cordes assez convaincantes, on n'a pas lésiné sur leur usage.
Plusieurs refrains ou thèmes principaux restent immédiatement en mémoire. Les vocaux (même si certaines parties demeurent assez aggressives) ont été bien travaillés, avec notamment quelques chœurs. Au niveau guitaristique, Mattsson reste un soliste plus que compétent au style volubile et expressif, et il essaye également de varier un peu les sons, tout en gardant quelques caractéristiques bien personnelles (son timbre de sitar, déjà largement utilisé sur son dernier album instrumental, comme son utilisation de la guitare acoustique, sont assez bienvenus, par exemple). Petit bémol (et encore, ça dépend des goûts) : la batterie sonne de manière un peu creuse, avec pas mal de réverbe (la caisse claire, façon "années 88 – 92") et il y a une petite tendance à en faire un peu trop (encore pas mal de double grosse caisse). Ceci dit, beaucoup de groupes de progmetal sont nettement plus démonstratifs !
Ce deuxième volet du projet Book of Reflections est donc plus intéressant que le premier, et pourra s'adresser à un public plus large. On attend la suite avec impatience.