GOV'T MULE: Heavy Load Blues (BLUES,-) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Quand un hyper actif tel que Warren Haynes se retrouve confiné et privé de tournées, que pensez-vous qu’il fasse ? Il compose bien sûr, et comme il a du temps, il compose beaucoup. Alors que ceux qui s’inquiétaient de ne plus voir d’albums de Gov’t Mule paraître depuis cinq ans et le superbe "Revolution Come… Revolution Go" voient leurs craintes s’apaiser car le quatuor légendaire est de retour, pas avec un album, mais avec deux ! Enregistrés en même temps dans deux studios différents, ils sortiront néanmoins à quelques mois d’écart. Et en attendant celui qui est annoncé comme un opus typique du groupe, voici un "Heavy Load Blues" qui, comme son nom l’indique, rend hommage à un blues plus traditionnel.

Mêlant des reprises et des compositions de Warren Haynes, qui a longtemps hésité à en faire un album solo, il est pourtant bien une œuvre de groupe. Les quatre compères ont même écrit un titre ensemble, le sautillant ‘Wake Up Dead’ au groove imparable et à l’excellent duel guitare / clavier sur son solo. Il est également aisé de reconnaitre la patte de la formation US lorsque celle-ci se lance dans une de ses jams légendaires en plein milieu du ‘Snatch It Back And Hold It’ de Amos Wells Blakemore Jr. Car c’est toute la force de Gov’t Mule lorsqu’il pratique l’exercice de la cover : son identité est tellement forte qu’il en marque immédiatement au fer rouge le titre qu’il interprète. Les meilleurs exemples en sont l’incontournable ‘Ain’t No Love In The Heart Of The City’ de Bobby ‘Blue’ Bland et le ‘Make It Rain’ de Tom Waits. Devant forcément supporter la comparaison avec la version dantesque de Whitesnake, le premier bénéficie d’un tempo un peu plus rapide et de soli sur lesquels Warren Haynes fait pleurer sa guitare (et probablement quelques auditeurs). Quant au second, il devient une marche au travers du désert et des brumes de chaleur avec son riff martelé.

Ce qui est également impressionnant sur cet opus, c’est la parfaite cohérence entre les reprises et les compositions qui tiennent aisément la comparaison. Il sera d’ailleurs difficile à un non-initié de faire la différence. Il est vrai que l’ensemble a été enregistré en conditions live et sur du bon vieux matériel analogique. Mais que cela soit ‘Hole In My Soul’ avec sa section cuivres et son esprit très Gary Moore, ou les très épurés ‘Heavy Load’ et ‘Black Horizon’, ces morceaux semblent être directement tirés des origines du genre alors qu’ils ont été écrits par Warren Haynes. Au milieu d’un tel festival, il devient presque impossible de privilégier certains titres par rapport à d’autres, même si l’ensemble est aussi varié que cohérent. Néanmoins ressortent le bagarreur et catchy ‘(Brother Bill) Last Clean Shirt’ de Charles Otis, un ‘If Heartaches Were Nickels’ composé à l’époque pour Joe Bonamassa ("A New Day Yesterday" – 2000), et un monumental et hypnotique ‘I Asked For Water (She Gave Me Gasoline)’de Chester Arthur Burnett qui vous amènera aux portes de la transe.

Démonstration d’un savoir-faire désormais entré dans la légende et hommage à un genre historique, "Heavy Load Blues" marque le retour en fanfare de Gov’t Mule. Envoûtant et variant les ambiances, cet opus s’impose comme une nouvelle preuve de la domination sans partage du groupe et de son leader sur un genre qui ne manque pourtant pas de prétendants. Nous noterons également une édition Deluxe proposant un double album enrichi d’inédits et de titres live. Avec le petit frère qui doit paraître dans les prochaines semaines, c’est peu de dire que les amateurs sont gâtés.

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