DEVICIOUS: Black Heart (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

DeVicious, le groupe allemand avec un chanteur italien et un guitariste serbe, avait gâté les fans en 2020 avec son troisième opus, un "Phase Three" qui n’avait pu être défendu sur scène pour cause de pandémie. Depuis ses débuts en 2018, le combo avait, au fil des albums, haussé le ton en mettant un tigre dans son moteur bien huilé de cylindrée de hard mélodique. En 2022, pour la sortie de "Black Heart", on prend les mêmes et on recommence… enfin, pas tout à fait.

En effet, DeVicious a cette fois décidé de s’amuser. Au diable les carcans imposés par le style mélodique jusqu’ici adopté, place aux envies des musiciens qui laissent ici émerger leurs préférences et se plaisent à les mélanger à leur gré. La pause forcée de ces dernières années a dû tellement les affliger qu'ils ont ouvert les vannes et s’en donnent à cœur joie. Affichant lui-même une règle d’or consistant à ne pas se copier soi-même et n’exclure aucune influence stylistique tant que le titre est amusant à jouer et que sa mélodie est entraînante, le groupe assume les libertés qu’il prend en concoctant un disque positivement fourre-tout.

Ainsi, à l’écoute de l’objet, l’auditeur pourra se dire qu’il s’agit de hard rock traditionnel, avant de soutenir qu’il est plutôt question de hard rock mélodique, puis d’être désarçonné par un élan électro-pop par-ci, ou des rythmes dance par-là, pour finir par assurer mordicus qu'il s’agit d’AOR... ou de metal mélodique peut-être. Malgré ces disparités stylistiques, il existe plusieurs constantes. L’ambiance générale est fort arena rock, les refrains - souvent interprétés en voix multicouches - sont formatés pour être repris à l’unisson, et les claviers sont teintés 80’s à outrance. Calanna, avec sa voix haut perchée et sa diction incisive, est toujours aussi sûr de lui, passé de mannequin oblige. Toutefois, son exubérance désertera bientôt le groupe, puisque son départ a été annoncé afin de lui permettre de vivre son autre vie de star des comédies musicales.

A l’écoute des douze morceaux parsemant l’œuvre, on ressent le vent de liberté qui a soufflé. Tout cela est rafraîchissant, met de bonne humeur et fait bondir et secouer la tête. Pour peu qu’il ne soit pas réfractaire aux mélodies limite « variété », aux sons parfois électro et aux beats occasionnellement dance, l’auditeur ne pourra qu’adhérer à l’idée de mettre tant de délire et de bonne humeur dans un album de hard rock. Alors, faites les fous, foutez-vous de tout et reprenez en cœur les who-ho-ho d’'Afterlife', les multi-mélodies d’'Heroines' et les étonnants na-na-na du titre éponyme, sans oublier de prêter attention à l’excellent travail de basse d'Alex Frey.

DeVicious a pris des risques avec ce quatrième effort et perdra peut-être de ce fait quelques suiveurs en route. Mais peu importe finalement, les musiciens se sont fait plaisir et, en cette période de sortie d’hibernation, personne ne devrait les en blâmer. Reste que cet opus pourrait tout de même trouver preneur chez les goulus de mélodies, en tous cas ceux dotés d’un esprit musical suffisamment ouvert.

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