Derrière Primalfrost se cache un homme, Dean Paul Arnold. C’est à l’âge de seize ans que le Canadien sort son premier EP intitulé "Chapters Of Time" avant d’enchaîner deux ans plus tard sur l’album "Prosperous Visions" qui retint l’attention des amateurs de metal dit extrême, non seulement en raison du jeune âge de son compositeur et interprète, mais également par sa qualité. Lorsque l’on sait que le bonhomme s’occupe du chant, de tous les instruments, des orchestrations et de la programmation, il y a de quoi rester ébahi. Après un passage chez Vital Remains au sein duquel il a tenu la six-cordes de 2015 à 2019, et de Belphegor qu’il a accompagné en live, le petit génie nord-américain sort enfin une suite à son opus de 2014 avec un "Lost Elegies" attendu avec impatience et à nouveau doté d’une superbe pochette.
Bien que classée dans la catégorie death metal, l’œuvre du Québécois couvre cependant de vastes territoires en englobant des éléments appartenant aussi bien au folk metal qu’au black metal et au death mélodique qu’au viking metal. Tout cela donne une œuvre à la fois puissante et épique nous entraînant au milieu de paysages glacés traversés par de violentes tempêtes de neige et de valeureux et coléreux guerriers. C’est particulièrement le cas sur la première partie de l’opus qui enchaîne les trois singles parus préalablement à la sortie de l’album (‘Maelstrom’, ‘Nomad’ et ‘Stormbearer’) et parmi lesquels s’est juste glissé un ‘Bringer Of Immensity’ soutenant aisément la comparaison. Les soli sont cinglants et véloces, le chant rageur, la batterie épileptique et les riffs cavalent sans oublier de rester mélodiques.
Tout cela garde une approche épique malgré les formats relativement réduits des titres. Mais alors qu’un certain manque de nuances commence à se faire ressentir, Primalfrost dégaine un ‘Voyage Into Ruins’ dont les plus de neuf minutes incorporent plus d’éléments folk, de changements de tempo et de variations d’ambiance. Envoûtant tout en restant combatif, ce titre fait basculer "Lost Elegies" vers une seconde partie plus cinématique et symphonique. Puissance, rage et chevauchées guerrières restent dominantes mais les fluctuations d’intensité permettent à l’ensemble de respirer et de garder l’attention captive de ces aventures guerrières au milieu de paysages figés dans la neige et la glace. Clôturant l’ensemble avec ses presque onze minutes variées et riches en thèmes, ‘Tenebrous Skies’ confirme le talent de son auteur et interprète et laisse l’auditeur dans l’attente de nouvelles odyssées nordiques.
En mêlant rage et douleur au sein de son metal multi-facettes, Primalfrost fait de "Lost Elegies" une œuvre à la fois captivante et belliqueuse. Avec cet opus, le Canadien satisfera aussi bien les amateurs de Amon Amarth que d’Insomnium, et ceux de Bathory autant que ceux d’Immortal ou de Wintersun. Il reste désormais à espérer que Dean Paul Arnold réussisse à s’entourer pour déplacer son œuvre sur scène à la rencontre d’un public qui fera bien de se couvrir avant de s’installer dans la fosse car le vent du Nord que fait souffler "Lost Elegies" risque d’en figer plus d’un sur place.