Jonas Lindberg & The Other Side est un groupe qui nous vient de Suède. Après avoir sorti deux EP, "In Secret Pace" (2012) et "The Other Side" (2013), et un album, "Pathfinder" (2016), tous très bien accueillis par la critique, le groupe s'est mis en sommeil, son leader étant trop occupé à tourner pour d'autres artistes. Cette activité se trouvant fortement ralentie par la Covid, ce mal pour un bien permit à Jonas Lindberg & The Other Side de finaliser l'album qu'il avait commencé dès 2017 et qui paraît donc cinq ans plus tard sous le titre "Miles From Nowhere".
Si l'album devait se résumer en un mot, "mélodieux" est certainement celui qui lui conviendrait le mieux. Jonas Lindberg & The Other Side œuvre dans le néo-prog de bonne famille, celui qui ne confond pas jolies mélodies et mièvrerie et dont les compositions ne suivent pas un schéma hyper balisé mais s'autorisent quelques fantaisies qui viennent donner un peu de piment. Accrocheur dès la première écoute (le gimmick de 'Oceans of Time' risque de vous trotter longtemps dans la tête), les titres balancent une musique souvent orchestrale à tendance symphonique, enlevée, enchaînant avec fluidité des thèmes tous plus élégants les uns que les autres. L'équilibre entre parties chantées et instrumentales est idéal et les solos se répartissent équitablement entre les guitares (dont un exécuté par Roine Stolt sur 'Miles From Nowhere Pt V') et les claviers.
Sachant intelligemment renouveler les ambiances, le groupe introduit de nombreux passages acoustiques qui allègent l'ensemble et permettent à l'auditeur de se rafraichir les oreilles avant de repartir vers un maelström de sons. C'est le cas des introductions de 'Little Man' et 'Astral Journey', le premier se transformant ensuite en un titre ressemblant à du Toto alors que le second est un instrumental en miroir assez onirique. Quant à 'Summer Queen', son début en arpèges accompagnant le chant léger de Jenny Storm évoque le souvenir d'une certaine Maggie Reilly sur les titres les plus populaires de Mike Oldfield.
Le seul reproche pouvant réellement être fait à "Miles From Nowhere" est son caractère assez lisse, contrepartie du qualificatif mélodieux sur lequel s'ouvrait cette chronique. Pas un épi, rien qui dépasse ou fasse sursauter : si les mélodies ne sont pas prévisibles, elles n'ont rien qui fassent frémir. Les amateurs de sensations fortes n'y trouveront donc peut-être pas leur compte. Il n'en reste pas moins qu'avec ses solides mélodies, sa diversité et son exécution impeccable, "Miles From Nowhere" vous promet de nombreuses heures d'écoute agréable.