Que dire ? Oui, que dire ? Qu'écrire sur cette page blanche alors que lors de la sortie des deux albums précédents d'Alias Eye, les mots élogieux couraient naturellement sous mes doigts ?
Voila un groupe qui faisait l'unanimité sur son talent au sein de notre rédaction et qui, en ce début d'année, déçoit par un troisième opus que beaucoup ont déjà envie d'oublier. Non pas qu'il s'agisse à mon sens de ce qu'il est convenu d'appeler une "croute", loin de là, mais voila un bébé qui va souffrir de la comparaison avec ses deux ainés.
Le seul avantage de cet opus, c'est qu'il annonce la couleur dès le départ. En effet, dès l'entrée de la guitare et de la section rythmique sur le premier morceau, on saute sur l'égaliseur, on vérifie qu'il n'y a pas un faux contact quelque part et, d'un air totalement ahuri, on zappe de pistes en pistes pour voir si cela va durer pendant plus d'une heure.
Deux constatations suite à ce premier mauvais traitement : ça semble s'améliorer sur la fin (ça, c'est la bonne nouvelle) et la fin, justement, est vers la minute 40 (ça, c'est la mauvaise nouvelle).
Alias Eye nous aurait-il fait un mauvais album mais en essayant d'abréger nos souffrances par une durée en-dessous de la moyenne ?
Que nenni, ne soyons pas injuste.
L'album commence donc par 3 morceaux sur lesquels la guitare sursaturée déchirera avec assiduité et insistance nos tympans pourtant peu fragiles. C'est d'autant plus dommage que "The Call", par exemple, possède un certain potentiel avec son riff ultra lourd portant très bien la voix de Philip Griffiths.
Mais ça s'améliore avec "Enlighten Them" qui, par son thème sautillant et son accordéon, se rapproche plus de ce à quoi Alias Eye nous a habitués.
Et il y a aussi "Books" et "How We Perceive", deux balades comme on les aime chez ces voisins d'Outre-Rhin. Le talent et l'inspiration montrent donc le bout de leur nez à nouveau, on n'y croyait plus.
Mais malheureusement, deux bonnes balades et quelques titres tenant bien la route ne m'aideront pas à oublier des morceaux comme "History Lesson", doté d'un fabuleux potentiel et encore gaché par une production qui donne envie de passer à autre chose.
Enfin, au niveau des idées, In Focus souffre d'un gros défaut : où sont les idées de génie comme cette entrée fabuleuse de "A Clown's Tale" sur l'opus précédent ou l'émotion dégagée par "Just Another Tragic Song" sur "Field Of Names" ?
Pas de doute, c'est Alias Eye ; c'est bien exécuté, on reconnait le style mais il manque tellement de choses qu'on va bien vite revenir au passé en espérant qu'il ne s'agit ici que d'une faiblesse passagère.
Comme premier album, il aurait été attrayant et aurait permis de voir ici un nouvel espoir du rock progressif mais là, force est de constater qu'après ce à quoi nous étions habitués, la déception est grande.
Cet album est donc un accident de parcours qui, espérons-le, ne sonnera pas le glas d'une formation ayant encore, à mon avis, beaucoup de choses à dire.