En associant un compositeur/guitariste de talent - le prolifique Magnus Karlsson -, un frontman que beaucoup considèrent comme le successeur de Dio - le talentueux Ronnie Romero - et un des frappeurs les plus costauds du circuit - le vieux loup de mer Mike Terrana, Frontiers avait une fois de plus tapé dans le mille en 2017. Voilà en effet déjà cinq ans que The Ferrymen est venu s’ajouter à la liste des combos de metal mélodique qui squattent les platines des amateurs du genre. "One More River To Cross" est le troisième album du trio, et autant dire qu’il était attendu de pied ferme par les fans de chacun de ces talentueux Messieurs, tant ils ont su marquer de leur empreinte personnelle les précédents opus du groupe.
Il n’avait échappé à personne que ceux-ci lorgnaient avec insistance vers les productions de Dio et les travaux de Karlsson avec Primal Fear. Nous n’étions alors pas loin d’une sorte de heavy/power metal mélodique. Sur ce nouvel album, le groupe semble avoir évolué vers une écriture moins lourde, encore plus mélodique, et développant l’aspect orchestral jusqu’ici plus discret. Sur ce "One More River To Cross" nous sommes donc plutôt en présence d’un opus de heavy mélodique associé à un rythme et un groove hard rock. Le ton des propos est épique, les atmosphères luxuriantes et les mélodies particulièrement accrocheuses, dignes d’un arena rock de gala.
Il semble étonnant que seuls trois hommes soient les auteurs de ce cyclone musical : l’impression d’écouter les travaux d’un orchestre est tenace. Karlsson, qui gère toutes les cordes et les synthés, est simplement phénoménal en pulseur d’adrénaline grâce à ses rythmiques addictives et ses soli virevoltants. Il a trouvé en Terrana le partenaire idéal. Qui eut cru que ce Monsieur Muscle de la frappe pourrait aisément s’adapter aux rythmes ici développés sans écraser de sa puissance les partitions concoctées par le blond guitariste ? Quant à Romero, il trouve tout bonnement dans cet environnement sa place idéale. Il n’a en effet pas son pareil pour allier force et justesse vocale, tout en possédant un talent indéniable pour insuffler dans les titres interprétés l’aspect dramatique parfois désiré.
La puissance, la passion et l’émotion marquent d’un fer rouge les onze morceaux proposés ici. Les fleurons de cet album sont légion, parmi lesquels les fondamentalement mélodieux et entrainants 'One World', 'The Last Wave' et 'The Passenger', qui tourneront en boucle sur vos platines. Mais également le parfait 'Shut It Out' qui varie astucieusement les ambiances et où la patte reconnaissable de Karlsson nous ramène à ses travaux avec Allen/Lande. Enfin, les pièces orchestrales somptueuses, envoûtantes et finement structurées que sont le titre éponyme et 'Morning Star', où Romero propose une interprétation digne de Ronnie James Dio, emplissent l’auditeur de vives émotions.
The Ferrymen a encore frappé fort avec ce nouveau présent. Appuyant sur la pédale mélodique de manière évidente, le groupe conserve toutefois toute la puissance majestueuse qui le caractérise. Renforçant ses tendances symphoniques, il gagne également en personnalité en s’extrayant des mimétismes qui ont pu par le passé lui être reprochés. Voilà assurément un opus qui va marquer ce début d’année dans le petit monde du metal mélodique et qui sait, peut-être même figurer dans les meilleures productions du genre en 2022.