Jeune groupe finlandais créé en 2017 à l’initiative de Sanna Salonone, virtuose du saxophone soprano, Ritva Nero nous propose son premier album, dans un style souhaitant mêler musique de danses traditionnelles du XIXè siècle avec une section rythmique typée metal. Pour parvenir à ses fins, Sanna Salonone s’est adjoint les services de deux instrumentistes traditionnels, assurant avec le nickelharpa et la cornemuse finlandaise la couleur propre aux inspirations venues du XIXè siècle. A l’opposé, la section rythmique basse/batterie est portée par deux instrumentistes évoluant effectivement dans des projets à consonnance métallique.
"Immortal Tradition" nous propose ainsi huit titres composés en référence aux danses folkloriques traditionnelles du Grand Nord, menées par le saxophone soprano qui leur donne régulièrement une coloration de musique klezmer. D’ailleurs, l’écoute de ‘Dragon Quadrille’ et sa rythmique survitaminée rappellent une certaine ‘Leopolda’ si justement interprétée à son époque par Louis de Funès ! Il n’empêche que le mariage du saxo et de la cornemuse finlandaise propose un délicieux melting-pot, d’autant que les orchestrations proposées par le nickelharpa rendent l’ensemble particulièrement riche, tandis que la virtuosité et la finesse d’interprétation des trois protagonistes s’avèrent délicieusement subtiles. Et parmi nos découvertes récentes, le parallèle avec Octantrion peut être de rigueur, notamment sur un titre à la tonalité monocorde comme ‘Rahapolska Helsingistä’.
Pour accompagner tout cela, la section rythmique et sa vigueur qualifiée de métallique se met plutôt au diapason de la couleur folklorique. Certes, la batterie rivalise de dextérité dans des frappes à la rythmique débridée tout en proposant également de subtiles variations très progressives (les contretemps de ‘Moshpit Mazurka’ par exemple), certes la basse vient parfois marteler de grands coups vibratoires ou s’avère carrément ronflante, mais on est quand même très loin de ce qui est en vigueur dans les formations typées metal. Et plutôt que de supplanter la partie folklorique, la production de cette section rythmique lui donne une véritable vigueur que l’on ne retrouve pas forcément dans les projets de même obédience.
Au-delà de simples danses revisitées et mises à la sauce métallique, Ritva Nero déploie dans de réguliers développements un réel talent de composition original comme par exemple dans la partie centrale de ‘Kaks’askelvalssi’, ce qui en augmente d’autant l’intérêt. Difficile de déterminer quelle direction prendront les prochaines publications de cette jeune formation, mais pour un premier essai, "Immortal Traditions" s’avère assurément être un coup de maître.