Myosis : rétrécissement physiologique ou pathologique de la pupille. Ce terme scientifique a été adopté comme patronyme par un jeune artiste originaire de Bordeaux, cité à l’histoire rock assez riche - on se souvient de Strychnine mais surtout de Noir Désir. C'est d'ailleurs chez nul autre que Denis Barthe, ex-batteur de la formation emmenée par Bertrand Cantat, que Myosis a enregistré son premier EP au titre aussi cynique que désenchanté : "Pretty Girls Are Never Sad".
D’emblée, Myosis dévoile généreusement ses inspirations en un climat rock froid et lancinant avec 'Slow Days', qui révèle l'influence principale de l'artiste, Radiohead. Cependant, la voix n'est pas aussi plaintive que celle de Thom Yorke - on y ressent une colère froide, une rage à peine digérée.
Evitant les pièges de l'hommage trop appuyé, Myosis révèle une dimension plus personnelle et intéressante lorsqu'il sait se détacher de ses influences. L'emploi d'un clavier Rhodes estampillé 70's enrichit la palette sonore sur 'Need You', trouvant des sonorités plus aériennes. Et c'est enfin sur 'Rosie Green' que Myosis dévoile son véritable visage : des influences blues poisseuses qui évoquent le Kat Onoma de Rodolphe Burger, une voix plus affirmée jouant sur les faces intimité / distance froide et surtout une guitare qui manque à plusieurs reprises de prendre la clé des champs.
Myosis affirme de belles promesses dès son premier EP ; si les références n'ont pas encore été tout à fait digérées, on ne peut qu'encourager la démarche d'un artiste qui ne s'enferme pas dans un seul genre en cherchant à dynamiter sa propre dynamique. Histoire à suivre avec beaucoup d'attention.