Avec un nouvel album qui dure plus d’une heure incluant seulement trois titres dont le plus court dure la bagatelle de 19 minutes, Earthless enfonce le clou rouillé de ses intentions dans les tympans de ses auditeurs.
La parade des démons promis par le titre de l’album défile le long de rivages sournoisement accueillants où la wah-wah règne d’une main de maître sur une peuplade réverbérée psalmodiant des rythmes hypnotiques pendant qu’une rivière de lave grave groove et s’insinue sous les pieds d’argile des fous perdus en ces terres.
"Stoner" vient à l’esprit, mais la définition est par trop limitée. "Libre" semble plus à même de qualifier cette descente aux Enfers asiatiques où les suppliciés scient et concassent les certitudes les yeux fermés pour donner naissance à des drones doués de vie.
Pas de paroles ici, elles n’ont pas leur place. Elles existent ailleurs, dans les interstices laissés par les instruments sur les rides du Styx. Là où les épaves de Black Sabbath et Amon Düül II continuent d’errer, drapeaux noirs aux crânes ornés de costumes Kabuki flottants sur les vents putrides de l’improvisation.
Trois titres comme autant de coups de fouets, la galère des sentiments pleine à ras bord de passagers clandestins appelés Isaiah Mitchell, Mike Eginton et Mario Rubalcaba.
Trois sorciers qui officient hors de cette planète depuis déjà deux décennies.
Trois figures incantatoires guidant les âmes dans les méandres du Krautrock et du psychédélisme japonais.
Trois raisons de suivre ce mouvement qu’aucune parade ne peut contrer.
Avant que des mots niaquent ce qui reste de la Terre.