"Piètre", "bidon", "foireux", "boiteux", "rasoir". Voilà ce que les anglophones entendent par "lame". Mais les francophones parlent d’un "morceau de métal plat et étroit", d’une "épée" voire d’une "carte du jeu de tarot". Où se situe le groupe alors ? Au croisement ironique à différents degrés de toutes ces définitions et bien au-delà.
Quatuor nantais formé en 2018 à l’initiative du guitariste/chanteur et auteur-compositeur Etienne Sauvage, Lame explore les contrées mélodiques balisées en leurs temps par The Strokes, Arctic Monkeys, Television ou encore Franz Ferdinand. Si la forme est pop et apparemment légère, voire désinvolte, les paroles suivent la thématique développée par le titre de l’EP, "Pleasantly Disappointed" pouvant être traduit par "Agréablement déçu". Un oxymore et une dualité parfaitement mis en image par l’artiste visuel Lohengrin Papadato pour une pochette marquante et singulière qui sied parfaitement à la musique qu’elle accompagne.
La musique, justement. Quatre titres sinuant entre morgue et détachement pour hymnes de stades ('Summer Sun'), guitares newyorkaises (le riff sautillant et acéré de 'Relieved'), apaisement feint et colère froide ('Granted'), pour finir en plein milieu du désert entre Calexico et Sergio Leone ('In The Desert').
La déception est donc ici plus qu’agréable, elle est carrément indispensable pour qui apprécie de partir en voyage au cœur de pays artistiques qui font du bien à l’âme, comme on l’aime, entre désenchantements imaginaires et électricités motrices.
Un son taillé au rasoir d’occase pour un EP au fil de l’épée, des cieux pour miroirs de LAME, une musique à suivre de très près.