Bien qu’il soit possible de cataloguer Stengah comme une formation djent, ce terme pourrait s’avérer quelque peu réducteur pour qualifier l’univers du quintette. Stengah, c’est avant toute une force destructrice, des riffs de guitare acérés, des phrasés techniques, propres et aiguisés, des rythmiques froides, une batterie qui bombarde et un chant habité et animal. Le groupe surfe sur la vague actuelle du metal moderne, avec une puissance dévastatrice rendue possible par des qualités musicales individuelles remarquables, mélangeant avec habileté les mondes de Gojira (la fin de ‘Swoon’) et de Fractal Universe (‘Message In Memories’).

Au milieu de ce torrent destructeur, quelques rares moments viennent apporter un peu de souffle, une forme de retenue (l’intro ambient de ‘Swoon’, la basse toolienne de ‘At The Behest Of Origins’, toute la fin de ‘Blank Masses Inheritance’ rappelant Letters From The Colony). "Soma/Sema" est donc un disque assez compact et hermétique qui respire assez peu, ce qui peut apparaître comme gênant pour certains, a fortiori dans un disque qui avoisine les cinquante minutes. Peut-être manque-t-il quelques touches d’originalité comme ce solo de saxophone impromptu au milieu de ‘The Overman’, voire une forme de prise de risque supplémentaire, pour tenter de se démarquer d’une musique aux codes que l’on ne présente plus et que Stengah maîtrise, certes, sans pour autant les sublimer, ce qui semble pourtant être à leur portée.