Ko Ko Mo, duo formé par Warren (guitare et chant) et Kevin (batterie), écume les scènes françaises depuis son premier EP "Stole My Soul" en 2014. L'essence même du groupe réside dans un rock vêtu de son plus simple appareil en revenant à l'essentiel et à l'efficacité, ce que d'autres groupes, s'enfermant dans une recherche de modernité, ont parfois tendance à avoir oublié.
En effet, dans "Need Some Mo", le duo a voulu consciemment revenir aux fondamentaux de cette contre-culture longtemps mise en sommeil et sevrée de spectacles vivants pendant la pandémie. Les titres condensés soulignent l'urgence et l'expression de la frustration festive subie pendant deux ans à faire le yo-yo entre enfermement et semi-liberté. Ko Ko Mo a le sens indéniable de la fête et de l'énergie et offre peu de respirations. Ici les riffs sont légion et la rythmique est largement mise en avant ('All Along' ou 'Your Kiss'). On retrouve des relents de Jimi Hendrix dans le début de 'Need Some Mo' et surtout un groove qui ne semble jamais faiblir ('Walls Get Closer').
Les références aux années 60 et 70 constituent l'ossature évidente de cet album mais avec une personnalité qui réside souvent dans l'utilisation de contrastes qui mélangent du Led Zeppelin (surtout dans la voix de Warren proche de Robert Plant) avec quelques breaks progressifs à la Rush ('Lead Your Astray' en constitue l'incarnation parfaite). Le revers de la médaille est que l'album ne fait pas ressortir de titres plus que d'autres, dégageant un sentiment de linéarité qui ne gâche cependant en rien le plaisir d'écoute en raison de l'énergie qu'il véhicule. Le groupe a par ailleurs la bonne idée de clôturer le disque par un titre de huit minutes ('Non Essential Man') à la progression lente et inquiétante qui permet de finir sur une très bonne impression. Cette oraison funèbre rock, dont on devine aisément à quoi il fait référence, est glaciale comme un bon vieux Black Sabbath.
"Need Some Mo" transpire par tous ses pores le rock à l'état pur, dans une dynamique cathartique avec l'envie forte d'être transposé sur scène. Douze titres qui constituent autant de bâtons de dynamite, explosifs et prêts à tout ravager sur leur passage.