Alessandro Del Vecchio est probablement devenu aujourd’hui la mascotte de Frontiers : ces dernières années, il ne sort pas un album de hard rock mélodique sans que l’Italien n’émarge au casting - il reconnaît avoir participé à 170 morceaux l’an passé ! Ce compositeur, producteur, chanteur et multi-instrumentaliste chérit toutefois un groupe qui revêt pour lui une importance toute particulière : son projet de cœur Edge Of Forever ("son île", confie-t-il). Fondé en 2002 par la star lombardienne, ce combo aujourd’hui totalement constitué de membres transalpins nous propose en ce début d’année son quatrième effort, un "Seminole" qui, au vu de son titre et de sa pochette, s’annonce composé sous le signe de la culture amérindienne qui passionne le musicien.
Celui-ci s’est occupé de l’écriture des neuf titres composant cet opus. Seul le morceau éponyme, pièce à tiroirs de onze minutes, est issu d’un partenariat avec le batteur Marco Di Salvia (Hardline). Del Vecchio a également pris à son compte le chant, les claviers et la production, délaissant ses chères guitares au bénéfice d’Aldo Lonobile (Secret Sphere), et confiant la basse à Nik Mazzuccon (Labyrinth). Il s’implique ainsi pleinement dans la conception de morceaux racontant des histoires destinées à convaincre les hommes de faire face à l’adversité, pour finir par réaliser leurs rêves. "Seminole" explore ainsi la reconstruction d’un guerrier indien après une défaite.
L’album propose un hard rock puissant doté de volontés mélodiques évidentes. D’un titre à l’autre, on croise la route de Rainbow, notamment sur les claviers et le solo de 'The Other Side Of Pain' qui pourrait faire sourire Blackmore, mais également sur 'Wrong Dimension' qui se la joue 'Gates Of Babylon' avec ses mélopées arabisantes. Le jeu de basse y est énorme et le solo de six-cordes une fois de plus digne de l’homme en noir. Les couplets de 'Made It Through' ramènent quant à eux à Black Sabbath dans l’approche lente et apaisée de certains de leurs titres.
Toutefois, les effluves easy listening du hard rock mélodique, limite FM, se font aussi régulièrement sentir ('Shift The Paradigm'). Le titre éponyme en quatre parties propose une architecture variée : la première et la dernière, acoustiques, évoquent Kansas ; la deuxième nous rappelle Scorpions sur son riff, se pare d’un refrain typique du hard FM, et s’achève avec un solo dantesque ; la troisième laisse un sentiment de répétitivité mais, gavée de guitares, elle imprègne malgré tout les esprits.
Edge Of Forever mérite les honneurs pour cette production réfléchie, sincère et construite avec doigté car particulièrement équilibrée entre moments sombres et instants plus légers. L’implication de l’artiste est évidente. Il a mis son âme à nu dans ce projet - l’aspect poignant des partitions et le soin porté aux textes en sont témoins. Ses adeptes ne passeront pas à côté de cet opus qui lui tient tant à cœur. Il est même fort possible que ce "Seminole" convainque ceux qui le considéraient jusqu’ici simplement comme une guest star envahissant les productions de Frontiers.