Svann, un groupe inconnu ? Pas tout à fait, car ce combo polonais reprend l’ossature d’Abraxas, remplaçant le contesté Adam Lassa par deux chanteuses. Svann évolue plus dans un AOR amélioré que dans le pur style néo-progressif, et essaie avec “Granica Czerni i Bieli” - “La frontière entre le blanc et le noir”, en français - d’échapper , avec une certaine réussite, aux classifications.
Svann nous livre donc des titres immédiatement accessibles, avec une constante palpable tout au long de l’album, le plaisir évident de jouer : la musique est fluide, produite de manière très équilibrée ( les errements cités pour Abraxas sont bien derrière) et exécutée avec beaucoup d’allant. Mention spéciale à Rafal Ratajczak, étonnant de présence à la basse ( sa partition dans “Pan Cukierjan” est particulièrement réjouissante).
Quant à dire à quoi exactement ressemble la musique de Svann, ce sera plus compliqué ... Vous trouverez en vrac:
- du rap polonais habilement emballé (“Telefon”, comme quoi, quand on sait utiliser cette technique - je parle du rap - , on arrive à des résultats intéressants) ;
- quelques titres se rapprochant du progressif tendance “néo” : le morceau-titre, “Dotyk Nocy”, “Hsiezycowy”, souvent sur fond de percussions assez élaborées, mais parfois un peu longs ;
- des morceaux plus rock, dans un esprit un peu barré qui n’est pas sans rappeler les Rita Mitsouko : “Hsiaze”, “Dziecko Mroku” (mon p’tit préféré), “Niedokonczony Wierz” (un peu new age) , “Dzis Hazdy Moze Byk Idolem” (quelqu’un aurait-il une aspirine ? ), ou “Papapa” (celui-ci, au moins, est facile à rentrer !)
“Granica Czerni i Bieli” n’est probablement pas l’album de l’année, mais Svann nous a donné ici un opus bien sympathique qui mérite largement qu’on y jette une oreille, voire les deux !