Après deux albums ayant laissé des impressions quelque peu mitigées par rapport à leur parcours jusque là sans faute, inutile de dire que tout le monde attendait Mostly Autumn au tournant pour sa nouvelle livraison. Devant digérer le départ de l'un de ses piliers, en l'occurrence le claviériste Iain Jennings, ainsi que la création de leur propre label, c'est avec une impatience difficilement contenue que l'on attendait de voir comment le groupe allait réagir à tous ces événements.
Première surprise et de taille, la réorganisation des rôles au sein du groupe : loin de remplacer le partant poste pour poste, Chris Johnson s'est intégré à la formation tel un vieux routier, s'occupant bien sûr des claviers mais également du chant, des guitares et surtout de 4 compositions signées de son seul nom. De son côté, Bryan Josh s'est occupé de nombreuses parties de clavier. Tout ce remue-ménage semble d'ailleurs avoir quelque peu perturbé le discret Liam Davison, qui vient de quitter le groupe avant même la sortie officielle de l'album, Andrew Jennings lui emboîtant d'ailleurs le pas.
Passée une introduction qui pour une fois ne reprend pas la fin de l'album précédent, "Fading Colours" nous claque d'entrée de jeu dans les oreilles un son et une production énormes. Les guitares et claviers se mêlent harmonieusement, et contrairement à l'album précédent où tout semblait être fait pour en mettre plein la vue (avec hélas le résultat que l'on connaît), on a ici l'impression d'une énorme assurance de la part de tout le groupe : le batteur a quelque peu arrondi les angles, le son est beaucoup plus rond et surtout, la voix d'Heather semble avoir pris 10 ans d'un coup, mais dans le sens d'une pleinitude enfin atteinte.
Cet album marque également le retour aux valeurs initiales du groupe : retour des influences celtiques et du violon dans le final endiablé de "Walk with a Storm", chansons aux mélodies inspirées telles "Blue Light" qui rappellera "Evergreen", ou encore "Broken", véritable perle toute en finesse.
Et même si quelques titres apparaissent un cran en dessous des autres, Mostly Autumn nous ressort de nouveau le coup de la chanson qui fait mouche : à l'instar de "The Gap is too Wide", "Find the Sun" envoie une dose irrésistible d'émotion, avec un violon plaintif à souhait soulignant à merveille la voix d'Heather.
Ce premier CD se termine avec "Dreaming", autre titre somptueux malgré son final un peu pompeux, mais que l'on verrait conclure à merveille une prestation scénique.
Le deuxième CD, théoriquement composé d'inédits, permet au groupe de proposer des légères variations de style et d'ambiance par rapport à leur production traditionnelle : guitare bluesy dans "Broken Soldier" ou encore ballades intimistes ("Gaze", "Softer than Brown"). Pas forcément indispensable mais au demeurant fort sympathique.
On retiendra toutefois le fantastique "Further From Home", variation (ou suite c'est selon) de "Fading Colours", avec une montée en puissance et un jeu de guitare floydien remarquable. D'ailleurs, ce titre sera finalement intégré à la version simple de l'album, ce qui ne fera qu'en augmenter la qualité.
En conclusion, Mostly Autumn nous propose un album on ne peut plus intéressant, dont les quelques (relatives) faiblesses seront vite mises de côté au profit des remarquables pièces qui le composent.
Finalement, le seul défaut de ce groupe est d'avoir placé la barre tellement haut lors des trois premiers albums qu'il s'expose désormais inévitablement à la critique, les attentes et le degré d'exigence de chacun vis-à-vis de chaque nouvelle production devenant forcément démesurés. En l'occurrence, je ne pourrais que rassurer les plus sceptiques et leur indiquer que le groupe est de nouveau sur la bonne voie.