Harem Scarem fait silence depuis deux ans, aussi Harry Hess, son chanteur à la voix de velours, a pu consacrer du temps à peaufiner le quatrième album de First Signal, son projet parallèle, avec son compère le batteur/claviériste Daniel Flores (The Murder Of My Sweet, Find Me). L’équipage suédo-canadien nous propose ce "Closer To The Edge" pour l’arrivée d’un printemps très chargé en sorties du genre. L’opus va donc devoir jouer des coudes pour s’installer sur le podium du mois.
Lancé en 2010, First Signal connaît depuis lors d’incessants mouvements autour de son frontman-vedette. Guitaristes, bassistes, compositeurs et producteurs virevoltent en effet d’un album à l’autre. Il n’est donc pas forcément étonnant que les trois premières œuvres du combo aient été différemment appréciées. Malgré le talent d'Harry Hess, l’absence d’une cohésion d’équipe peut être préjudiciable, surtout quand elle doit alors compter pour la compenser sur les qualités d’écriture des compositeurs enrôlés. Et annonçons-le sans attendre, les titres de ce quatrième essai ne feront pas partie des plus réussis de sa discographie. Non pas que ce "Closer To The Edge" soit un album à jeter dédaigneusement au panier, simplement, il ne remplit pas sa mission de production addictive.
Et c’est pourtant ce qu’on attend de toute galette où le Canadien pose son micro, d’où notre exigence, et notre déception. Pour sortir du lot dans le petit monde du hard rock mélodique, il faut bien avouer qu’il convient, ces dernières années, de faire preuve d’une intraitable attention à porter sur les aspects mélodiques des projets. Trop de monde se bouscule au portillon et la bataille y fait donc rage. Cette nouvelle œuvre manque trop d’impact pour sortir la tête de la mêlée. Son peu d’originalité est criant et l’impression de déjà-entendu est tellement évidente qu’elle en devient gênante, même pour un disque de hard mélodique, obédience peu réputée pour ses sorties hors des terres battues.
Ainsi, mis à part le morceau d’ouverture, un 'Don't Let It End' digne des travaux d’Harem Scarem, 'Show Me The Way' qui botte lui aussi les fesses et, à un degré moindre, 'Don't Look Away' et 'Mystery' qui retiennent l’attention, le reste de l’opus passe par une oreille pour ressortir par l’autre, certes agréablement, mais sans avoir nullement imprégné nos cellules grises. Il faut dire qu’avec trois ballades et autant de mid-tempi mous du genou, une bonne partie de ce onze titres assoupirait un insomniaque.
Voici donc une des premières déceptions du style de cette année 2022. Hess chante toujours aussi bien, mais il ne peut réaliser de miracle à lui seul. Espérons qu’Harem Scarem nous concoctera sans tarder un album qui nous fera oublier ce semi-échec de First Signal.