A peine 12 mois après la sortie retentissante du premier opus consacré aux manipulations génétiques en tout genre, Nemo nous revient avec la deuxième partie de son concept, centré cette fois-ci sur leur application à l'être humain.
Sur un fond musical continuant le dernier thème "d'Apprentis Sorciers", l'album s'ouvre sur une discussion philosophique de comptoir sur les bienfaits (ou non) du progrès génétique et de son utilisation par l'homme, semblant promise à la partie la plus fortunée de la population : entre eugénisme et sélection par l'argent, le débat est lancé et servira de trame aux 10 morceaux regroupés en un seul, sobrement (!) intitulé "L'Homme Idéal".
Musicalement, Nemo revient à des titres globalement plus courts que sur "Si Partie I", rendant son propos plus accessible au profane. Après une "Introduction à la Différence" un peu rude et un énergique "Les Enfants Rois" – dont le choix comme "single" me laisse plutôt dubitatif – l'album prend véritablement son envol avec "Même Peau Même Destin", premier titre long, dans lequel Guillaume Fontaine joue à merveille de toute sa panoplie sonore aux claviers, dans un registre néo quelque peu inédit pour le groupe. Les oreilles averties assimileront même la fin de la longue introduction instrumentale à Genesis, période "We Can't Dance" ! Mais là où d'autres groupes se cantonneraient à user et abuser d'une bonne recette, Nemo rebondit immédiatement en plein milieu du morceau, en revenant à un progressif plus "classique", avant d'enchaîner sur "L'Homme Idéal", premier du nom, dans un registre jazz-fusion détonnant, où la précision de JB Itier à la batterie répond à la dextérité du "piano-bar" de Guillaume Fontaine et à la guitare toujours inspirée de JPL.
A ce moment de l'écoute, l'auditeur peut alors se demander ce que le groupe va bien pouvoir inventer pour continuer le voyage dans d'aussi bonnes conditions. Jamais à court de ressource, Nemo innove dès le titre suivant, "Reflets", dans lequel la voix chaude de Sylvia Krauss vient se superposer avec bonheur à celle de JPL. Longue pièce sombre à souhait, ce titre nous offre une lente montée en puissance propre à arracher des frissons de bonheur tout au long de ses 10 minutes. Une nouvelle fois, les claviers sont tout bonnement monstrueux, tandis que le reste de l'équipe se met au diapason.
Sans détailler pas à pas la suite de l'album, on mettra en encore en exergue le splendide "Une Question de Temps" et ses ambiances de clavier floydiennes façon "Echoes".
Moins complexe et moins sombre que Si Partie I, cet "Homme Idéal" porte une nouvelle fois Nemo au sommet du rock progressif, et pas seulement hexagonal. En effet, il existe à mon sens peu de groupes capables aujourd'hui de jongler avec autant d'aisance entre les multiples facettes du genre progressif, tout en laissant à l'auditeur une impression d'unité et une qualité jamais démenties.
Malgré tout, je retiendrai deux petits bémols contre cet album, qui justifient une note inférieure à son prédécesseur : le chant de JPL tout d'abord, éternel serpent de mer, qui s'était sensiblement amélioré sur "Si Partie I", mais qui ici semble avoir fait l'objet de moins d'attention. Pas trop grave en soi vu la qualité musicale de l'ensemble, mais un peu dommage tout de même. Et enfin, la police de caractères utilisée dans le livret, certes artistique mais vraiment peu lisible et en tout cas fort désagréable à l'œil (désolé, là c'est le professionnel qui parle !).