THUNDER: Dopamine (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Depuis son retour aux affaires, Thunder est devenu une valeur sûre. Fier de ses principes, le quintet britannique continue de sortir ses albums contre vents et marées, refusant de se laisser enfermer dans un style trop réducteur tout en associant son flegme à un véritable engagement sociétal. Si "All The Right Noises" pouvait être interprété comme traitant de la pandémie, le nouveau méfait intitulé "Dopamine" centre ses propos sur un des grands maux de ce siècle : l’individualisme et le repli sur soi-même. La pochette présentant deux personnes en train de se prendre en selfie en est la meilleure des illustrations.

Petit rappel préalable : la dopamine est reconnue comme étant l’hormone du bonheur et certains spécialistes considèrent que notre société en est devenue dépendante. Obsédés par eux-mêmes et par l’image qu’ils donnent sur les différents réseaux sociaux, certains finissent par passer à côté de nombreuses choses incroyables que peuvent offrir la vie et le monde qui les entoure. Visiblement très inspirés par ce sujet, les membres de Thunder ont composé suffisamment de titres pour offrir le premier double-album de leur carrière. Lorsque l’on connaît le goût des leaders du hard rock britannique pour varier leurs propos, il y a de quoi ressentir une certaine excitation avant de découvrir les seize morceaux composant ce "Dopamine".

Et comme à son habitude, le quintet emmène l’auditeur au travers de nombreux paysages stylistiques, tout en revenant régulièrement vers des territoires privilégiant les riffs directs et les refrains accrocheurs. Dans le genre, des pièces telles que ‘The Western Sky’, ‘The Dead City’, ‘All The Way’ ou ‘Across The Nation’ emportent tout sur leur passage et mettent les cervicales à rude épreuve. Mais Thunder est une formation qu’il n’est pas possible d’enfermer, que cela soit physiquement (leurs virées de bikers sont célèbres) ou artistiquement. Pourquoi le faire d’ailleurs lorsque l’on constate son talent pour offrir des titres aussi émouvants que ‘Unraveling’, ‘Just A Grifter’ ou ‘Is Anybody Out There’ ? Il serait également dommage d’essayer de l’empêcher de surprendre alors qu’elle se fait jazzy avec tellement de talent (‘Big Pink Supermoon’), qu’elle s’engage sur des chemins fleuris et euphorisants (‘Dancing In The Sunshine’), qu’elle dégaine des grooves irrésistibles (‘Disconnected’) ou qu’elle démontre sa maîtrise d’œuvres plus ambitieuses dont l’intensité progresse imparablement (‘No Smoke Without Fire’).

Une fois de plus, la prise de risques porte ses fruits et Thunder réussit à offrir une œuvre captivante et variée. Les quelques légères baisses d’intensité sont vite compensées par une multitude de joyaux aussi efficaces que différents les uns des autres. Il ne faut pas hésiter à se plonger dans cet opus qui procure une dose d’hormone du bonheur de manière bien plus saine et constructive que les posts présentant des selfies ou des plats mangés au restaurant pendant les vacances. Comme le dit si bien l’un des tout meilleurs titres de cet album, ‘One Day We’ll Be Free Again’. Cette liberté, Thunder nous l’offre et nous la démontre avec ce "Dopamine" à côté duquel il serait dommage de passer.

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