ANIMALS AS LEADERS: Parrhesia (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

En grec, la parrhésie est l’expression d’une parole libre et franche. En intitulant son cinquième album "Parrhesia", l'intention d’Animals As Leaders est claire : démontrer qu’une musique entièrement instrumentale reste pour des musiciens l’espace de liberté ultime pour laisser libre cours à leur discours musical. Six ans après "The Madness Of Many", qui repoussait les limites de l’expérimentation jazz djent d’un groupe qui n’a jamais caché composer de la musique d’abord et avant tout pour les musiciens, Animals As Leaders revient à une musique plus directe, plus metal, mais pas moins complexe pour autant.

Les Américains ont fait appel, comme c’était le cas pour leurs trois premiers albums, à Misha Mansoor de Periphery pour le mastering de ce nouvel opus. Et de fait, le son de "Parrhesia" est plus proche de celui de "The Joy Of Motion" que de "The Madness Of Many" qui lui, était entièrement autoproduit. Les guitares sont ici globalement plus saturées, même si le gain reste modéré pour ne pas nuire à la clarté du discours musical. Discours qui ne manquera pas, comme d’habitude, de laisser admiratif les fans et de laisser de côté la plupart des auditeurs hermétiques à la technique.

D’un point de vue technique justement, "Parrhesia" est sans doute ce qui se fait de mieux aujourd’hui en termes de virtuosité. Animals As Leaders démontre une nouvelle fois toute l’étendue de son savoir-faire en matière de prouesses guitaristiques et de polyrythmies hypnotiques (‘Monomyth’, ‘Micro-Aggressions’). Et même si Tosin Abasi reste à jamais le maître incontesté de la guitare 8 cordes, avec son jeu d’une fluidité digne d’Allan Holdsworth (‘The Problem Of Other Minds’), c’est une nouvelle fois la paire Javier Reyes/Matt Garstka qui impressionne le plus. Leur complémentarité rythmique est si étourdissante que des titres comme ‘Gestaltzerfall’ ou ‘Red Miso’ sont à ranger au Panthéon de l’excellence musicale.

Mais au-delà de la technique hors du commun du trio américain, qui n’a clairement plus rien à prouver en la matière, "Parrhesia" impressionne aussi par sa recherche mélodique raffinée, par l’intelligence de ses compositions et par la concision de son propos, le groupe étant parfaitement conscient que sa musique exigeante ne peut s’apprécier qu’à travers un album court et ramassé.

Avec "Parrhesia", Animals As Leaders repousse à nouveau les limites de sa créativité débridée et nous livre à la fois l’album le plus abouti de sa discographie et un nouveau sommet du genre djent progressif.

ANIMALS AS LEADERS

PARRHESIA

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