Il a fallu s’armer de patience pour retrouver Deficiency. En 2017, les Français avaient fait forte impression avec "The Dawn Of Consciouness", parfait condensé de thrash et de death metal. Puis le groupe a tourné de manière intensive et a même organisé un festival anniversaire en 2019. La voie était royale mais la pandémie a coupé ce bel élan de manière brutale.
Beaucoup auraient craqué mais Deficiency s’est accroché et a profité de cette pause pour changer ses habitudes avec notamment la création d’un label. Cela donne "Warenta", un concept album ambitieux. Le groupe s’est plongé dans l’histoire de sa région autour des années 40 et revient sur la vie des mineurs et sur les nombreuses histoires de l’époque. Un clip a été tourné au musée des Mineurs et la pochette illustre à merveille le thème du disque.
Le cœur du disque vient des titres qui évoluent dans un death thrash technique digne de Messughah couplé à la force d’un Dew Scented et le côté aérien d’un Cynic. Le groupe sait aussi ménager des moments plus mélodiques qui aèrent les titres, quelque part entre Alice In Chains et Sentenced. Le talent de Laurent Gisonna explose, aussi à l’aise dans un growl furieux que dans un chant clair mélancolique à fleur de peau. Sur ‘I Am The Misfortune Herald’, la présence de Björn Strid (Soilwork) apporte un supplément de force appréciable.
‘Dichotomy’, ‘Ludma’ et Alleviate The Suffering’ forment un trio techno thrash costaud. Le rythme est intense, la technique bien mise en avant avec des parties instrumentales de haute volée. Le résultat d'une méchanceté jouissive scotche de belle manière. Enfin ‘Lumpendoktor’, qui a pour invité Davish Alvarez d’Angelus Apatrida, évolue dans une veine brutale mais propose un break symphonique plein d’emphase. Le titre amène une tension dramatique en adéquation avec le thème de l’album avec une force épique certaine.
Avec "Warenta", Deficiency propose un disque de haute volée avec une intéressante capacité à mixer technique et moments mélodiques accrocheurs. Il est clairement lancé sur une voie royale et semble bien parti pour devenir un des grands noms de la scène métallique hexagonale.