Alors qu'il jouait dans un groupe du nom d'Infect, Benjamin dit Sai Lee se languissait. Tous les soirs, blotti au plus profond de sa chambre, le multi-instrumentiste (guitare, basse, batterie) avait pris l'habitude de composer des chansons en solitaire. Un coup de foudre soudain pour la musique électronique lui a permis d'apprendre à jouer des claviers en autodidacte. Ses nouvelles créations allaient pouvoir sortir au grand jour mais pour cela, il devait quitter Infect pour offrir le meilleur avenir à son album. Un certain Killjoy (ou Sharon) se montre intéressé pour venir offrir un coup de main sur quelques titres. L'entente est tellement parfaite que les deux larrons décident de poursuivre l'aventure en duo. "The Darkness In You" est né.
La première piste 'Death Of A Dream' plante un décor instrumental à coups de hache : basse lugubre, guitare survoltée, nappes de claviers menaçantes révélant un goût pour l'atmosphérique ainsi que pour la musique de films. Dès le deuxième morceau, on entre dans le vif du sujet mais, si 'The One' apparaît efficace avec sa voix growl, l'auditeur ressent toutefois assez vite quelques doutes. Le morceau est lourd et estampillé indus mais reste dans un cadre cruellement limité, à la limite de ressembler à une cynique parodie.
Mais la suite prouve qu'Exopulse réussit à se propulser au-delà des clichés de l'indus. La voix de Killjoy s'y révèle diablement plus subtile, plus magnétique et bien plus énergique que sur 'The One'. Les riffs de guitare sont acérés et surtout très clairs. L'apport des claviers y occupe une place centrale. Le riff dévastateur de clavier sur 'Born To Bow' invite à entrer dans une gigue infernale tandis que 'Riot Silent' souffle le froid et le chaud. Le background des deux compères leur permet d'explorer des directions empruntant au rock alternatif et à la new wave, voire parfois quelques instants au funk ('My Valentine'). L'album se termine par un étonnant 'Aleviate', alliance curieuse et réussie de sonorités folkloriques et de metal-indus féroce. Le groupe aurait d'ailleurs pu pousser plus loin ses expérimentations, la durée de l'album de 40 minutes étant idéale pour poursuivre de nouvelles explorations des ténèbres.
L'auditeur qui n'est pas effrayé par l'idée de s'aventurer dans des ruelles mal famées ou des arrière-boutiques mal éclairées devrait sans hésiter se jeter sur ce premier album d'Exopulse. Le duo a pris un cap metal indus tout en s'autorisant quelques détours bien vus et agréables. Exopulse peut poursuivre sa quête, il semble avoir l'étoffe des grands seigneurs des ténèbres !