Mon premier est un batteur américain exilé à Pékin, mon deuxième est l’association d’un guitariste et d’un bassiste chinois d’exception, mon troisième est la capacité vocale hors-norme de la chanteuse Lynn Wu, mon tout se prononce "O" et sort son premier album.
OU est un quartet chinois mêlant prog, metal, atmosphérique et bien d’autres choses dans un creuset fascinant où il est autant possible d’être confronté à une agressivité non contenue ('Prejudice') que de se perdre dans des ambiances éthérées et contemplatives ('Euphoria'). Huit titres en forme de voyage sidérant et sidéral, initiatique et intimiste, où quatre musiciens redessinent les contours de la carte du monde, brouillant les influences et les directions pour offrir une nouvelle vue sur le labyrinthe musical des genres et des styles.
'Travel' ouvre le bal et montre la voie sans prendre de gants, entre riffs entêtants, rythmique plombée et surtout cette voix à la fois puissante et fragile, véritable serpent de mer insaisissable. Quasiment opératique ('Farewell'), murmure semblable à de l’eau ('Light'), la voix de Lynn Wu se fait sirène hurlante ou charmante à chaque inflexion, atteignant des notes improbables ou se faufilant entre les mélodies complexes et les rythmes fouillés du reste du combo.
Les paroles en chinois semblent parler de la vie d’un autre système solaire, tout comme les volutes vocales associées aux exactions sonores des trois musiciens chevronnés intiment l’ordre de partir loin.
Là où il est possible de faire cohabiter des rythmes exigeants ('Mountain') et des plages de douceur infinie ('Ghost', que ne renierait pas Dhafer Youssef, autre sirène d’un autre monde), voire de les fondre en un seul et même sentiment ('Euphoria').
"One" n’est qu’une porte d’entrée vers un univers plus grand, made in China.