Archive a choisi un morceau de plus de 14 minutes comme premier extrait qui témoigne, à sa façon, de ce besoin de s'exprimer après un trop long silence. ‘Daytime Coma’ représente à lui seul l’incarnation même de ce qu’est Archive. Une œuvre faite de longs développements, de moments éthérés, de silences, d’une musique qui se suffit à elle-même pour transmettre des émotions. Le morceau alterne des passages au piano, des moments électro hypnotiques et des mouvements atmosphériques introduisant un final titanesque. On baigne dans l’ambient prog où on a presque l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose mais qui force à l’introspection.

Si le collectif excelle à proposer des titres longs (‘Enemy’, ‘Freedom’, ‘The Crown ou ‘Gold’), il renoue dans "Call To Arms & Angels" avec des morceaux plus courts à la mélodie exacerbée et à l’interprétation sublimée par la voix de Holly Martin notamment. Ces morceaux sont légion dans cet album, aux premiers rangs desquels la sublime ouverture ‘Surrounded By Ghosts‘ à la beauté blafarde dans sa simplicité apparente qui touche au plus profond, ce ‘Shouting Within’ qui inquiète autant qu’il fascine avec son piano grave, ce ‘Fear There & Everywhere’ plus nerveux au refrain irrésistible (avec une sorte d’émergence à la Pink Floyd), ce ‘All That I Have’ qui se rappelle au trip hop qui sied bien à Archive.

Dans "Call To Arms & Angels", Archive extériorise sa frustration d’avoir été mis trop longtemps au silence et fait preuve d’une (trop pour certains) grande générosité. Les expérimentations sont toujours présentes comme dans un ‘Enemy’ lourd, oppressant et qui constitue un beau rappel à Pink Floyd ("Dark Side Of The Moon") dans une version plus moderne, ou sur 'Freedom' lorgnant vers un côté pop prog à la Beatles, période "Revolver". Si elles semblent parfois stériles ou trainer en longueur (‘The Crown’ et sa loop interminable), ces expérimentations sont l’essence même d’Archive sans lesquelles le collectif ne serait pas ce qu'il est.