Certains d'entre vous se sont peut-être étonnés de ne pas voir "Eraser", le dernier album de Long Distance Calling, chronique dans nos pages depuis sa sortie à la fin de l'été dernier. On ne peut pas être partout, mais aujourd'hui, ces lignes sont là pour corriger cette anomalie.
Depuis quinze ans, le quatuor allemand s'est inscrit en leader du mouvement heavy post-rock instrumental en peaufinant son metal alternatif à la personnalité bien marquée et immédiatement identifiable. Et cette livraison 2022 ne déroge pas à la règle de la variété instrumentale mêlant intelligemment les phases metal comme sur 'Blades' ou '500 Years' aux riffs heavys et acérés, à des ambiances plus atmosphériques , jazzy ou éthérées.
LDC n'a pas son pareil pour raconter les histoires sans paroles mais aux messages très forts au travers d'une musique toujours très expressive. C'est la disparition des espèces dont il est question sur cet 'Eraser' aussi fataliste que froid et lumineux. Les nombreux développements mélodiques et rythmiques qui émaillent les morceaux servent toujours l'histoire et le groupe est friand de variations progressive encore très présentes ici. C'est particulièrement le cas sur la mélancolique 'Sloth' où le saxophone langoureux précède le solo aérien du final, ou au cours des nombreux développements d'un 'Blood Honey' haletant et passionnant, porté par une section rythmique parmi les plus enviable de la scène metal atmosphérique.
Côté production, les Allemands reviennent à quelque chose de plus simple et organique, débarrassé pour l'occasion des artefacts electro qui animaient leurs précédentes productions, en partie à cause du contexte post COVID qui a présidé à l'écriture de l'album et aussi à son concept. Il en résulte un mix d'une magnifique sonorité organique illustré par un son de batterie très authentique parfois proche du math rock des japonais de Toe.
"Eraser" est une pierre de plus à l'immense édifice qu'est la carrière de Long Distance Calling. Elle a vu naitre des album magnifiques qui comptent dans l'histoire du post rock progressif. Ce dernier effort za tout pour ravir les fans du groupe et pour réconcilier les habituels réfractaires aux albums instrumentaux et à tous les amateurs de prog de tous bords tant la variété de la musique des Allemands confère à leurs albums en général, et à "Eraser" en particulier, ce supplément d'âme qui fait qu'on les écoute et ré-écoute avec toujours autant de délectation. À ne pas manquer.