Les drames vécus au cours d’une vie sont autant d’étapes cruciales à surmonter afin de poursuivre son chemin. Lorsque Thomas Guédon perd sa femme en 2013, c’est notamment par la musique qu’il transcende sa douleur et sa colère. Au fil des années, un besoin d’exprimer et d’extérioriser cet amalgame de sentiments intérieurs se fait ressentir. Il rejoint en tant que claviériste le groupe de metal alternatif/progressif Nothing But Echoes du côté de Nantes en 2017, mais les émotions de notre musicien se matérialisent plutôt sous le genre qui l’aura vu grandir, le death metal. C’est ainsi que naît le projet Opal Insight, dont le nom fait justement référence à l’incertitude de la vie et au mélange des émotions qui s’en dégage.
Il enrôle alors son collègue Julien Le Du (basse) avec qui il officie du côté de Nothing But Echoes, Tibo Pfeifer (guitariste chez Lux Incerta, groupe de doom metal) et enfin Quentin Regnault, batteur dans de nombreuses formations dont Aro Ora et Wrath Of The Nebula notamment. Comme Thomas nous le confie dans son interview pour Music Waves, Opal Insight correspond à ce que nous appelons communément un side project, mais bien que ce projet soit plus récréatif, pas question pour notre guitariste de lésiner sur les moyens ou d’avoir une approche moins sérieuse.
Ainsi, tant sur le plan visuel que musical, la première chose qui frappe est la grande cohérence de ces deux axes, ainsi que la maturité générale qui se dégage des fragrances de cet album. Le visuel absolument sublime est signé Came Roy de Rat et met parfaitement en valeur la noirceur des propos tenus par le groupe. Musicalement, le ton se situe quelque part entre Paradise Lost, Opeth et Swallow The Sun avec un death metal lent, puissant et souvent mélodique, au ton grave et à la production moderne.
L’intro instrumentale et éponyme ‘Heir To Anger’ annonce la couleur avec son atmosphère mystérieuse et paisible. Une merveille de composition. Le reste de l’album s’annonce pourtant bien plus ferme, avec un chant guttural et clair alterné, une batterie lourde et des guitares bestiales, toujours avec une forme d’esthétique morne et sombre en filigrane, comme sur le début de ‘A Ghost In My Arms’, là encore brillant. La voix chaude de Tibo Pfeiffer réchauffe néanmoins les cœurs sur le premier couplet avant d’exploser avec un growl dantesque.
Opal Insight prend également le temps de poser les ambiances, comme sur ‘Whispers From The Flames’ et ses dix minutes au compteur, variant les atmosphères dans lesquelles l'auditeur s'abandonne et se laisse transporter. De nombreux titres sont aussi empreints d’une nostalgie lancinante comme ‘Deer Skin’ qui rappelle effectivement Swallow The Sun par moments, voire d’une colère explosive comme sur le début de ‘Veil Of Anguish’. Mais c’est aussi dans les accalmies instrumentales que le groupe tire son épingle du jeu, notamment sur la fin de ‘For Her’ ou sur ‘Délivrance’ avec leurs sonorités énigmatiques, parfois menaçantes.
A l’issue de l’album ressort ce pêle-mêle d’émotions qu’a pu ressentir Thomas au fil de ces dix dernières années. Sa sensibilité permet de sublimer ce trop-plein émotionnel en le canalisant de la plus belle des manières et en aboutissant à la création d’une œuvre personnelle et touchante.
Alors bien qu’Opal Insight ne soit à ce stade qu’un side project, il n'y a qu'une chose à souhaiter à nos amis nantais : qu’ils aillent le plus loin possible tant cette première œuvre s’avère remarquable. Ils seront à retrouver à l’affiche du Amarok Metal Fest de Nantes en compagnie de grands noms de la scène metal française, en attendant d’autres dates à venir.