ZZ TOP: Raw (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Datant de 2019, "That Little Ol’ Band From Texas" est un documentaire retraçant l’existence de ZZ Top dont les membres ne se sont jamais séparés depuis leur adolescence jusqu’à devenir une des formations les plus légendaires de la planète. Malheureusement, cette histoire d’amitié exceptionnelle a pris fin le 27 juillet 2021 avec la disparition du bassiste et chanteur Dusty Hill à son domicile de Houston (Texas). Alors que le trio s’était enregistré en conditions live dans le Gruene Hall, plus ancienne salle de danse du Texas, ce concert intimiste s’est transformé en bande-originale du documentaire pour lequel il avait été réalisé et sort sous la forme d’un album rendant hommage à Dusty.

Les ronchons argueront que cet opus n’apporte rien à la discographie des barbus les plus célèbres du blues-rock et ils auront raison. ZZ Top a pioché dans le début de sa discographie et interprète ici une douzaine de titres qui, pour la plupart, sont de véritables hits présents sur la quasi-totalité de leurs setlists depuis des décennies. Mais en même temps, comment rendre hommage au célèbre bassiste sans jouer ‘La Grange’, ‘Tush’ ou ‘Gimme All Your Lovin’ ‘? Néanmoins, le premier apparaît ici dans une version traduisant la complicité de ses auteurs et fait plaisir à entendre. Avec Dusty Hill au chant, le deuxième fait office de sommet de ce concert dont les conditions roots mettent en valeur l’authenticité des Texans. Enfin, le troisième bénéficie de cette interprétation sans artifice électronique pour prouver au passage qu’il n’a pas besoin de ces derniers pour être imparable.

Dans un ensemble qui ne comprend aucun titre plus récent que ceux du monumental "Eliminator" (1983), ZZ Top donne la priorité au blues-rock de ses origines, ressortant des placards un ‘Thunderbird’ ou un ‘Certified Blues’ dont le feeling dégouline de chaque note. C’est également le cas pour un ‘Blue Jean Blues’ légèrement raccourci mais toujours aussi envoûtant. Dans cet ensemble aux effluves de poussière et d’huile de vidange, seul ‘Legs’ se voit renforcé par un léger sample électro qui ne fait néanmoins pas tache au milieu de ce best-of déguisé. Annoncé par Billy Gibbons lors de son lancement, ‘I’m Bad, I’m Nationwide’ met quant à lui en valeur une approche à la fois reptilienne et nonchalante qui traduit bien l’identité de la légende texane, même si ce titre a déjà été régulièrement interprété lors de concerts du trio.

Dans n’importe quelles autres circonstances, ce "Raw" aurait pu être soupçonné de cacher maladroitement des intentions mercantiles. Mais il s’agit probablement ici du dernier album sur lequel apparaît Dusty Hill, et ses conditions d’enregistrement rendent parfaitement hommage à ce vieux petit groupe du Texas et à son bassiste disparu. Certes, il n’apporte pas grand-chose de nouveau à la discographie du groupe mais il nous permet de profiter une dernière fois de l’osmose, de la complémentarité et de la complicité de ses trois membres qui ne se sont pas quittés pendant plus de 50 ans. Rien que pour ça et pour la sincérité et l’authenticité qu’il représente, il mérite le respect en attendant de voir ce que Billy Gibbons et Franck Beard vont décider pour l’avenir de leur formation.

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