Quasiment trois décennies et un onzième album au compteur pour le duo passé sextet aux membres interchangeables. Trente ans ou presque de bruits, de fureurs, de mélodies et d’harmonies mais aussi et surtout d’expérimentations, de défis et de musique sans genre précis autre qu’elle-même. "XI: Bleed Here Now" ne fait pas exception à la règle induite du groupe : fermez les yeux et partons en voyage.
Ce qui diffère ici, c’est le « comment » puisque les chansons sont nées dans une ferme où les musiciens se sont retrouvés après avoir tout arrêté pour cause de pandémie mondiale. Une révélation pour le songwriter Conrad Keely qui a pu, pour la toute première fois, se poser et respirer, lire, écouter le monde et décider à son rythme de l’avenir qu’il voulait forger avec le Trail Of Dead.
Le résultat : une session de travail fructueuse et détendue, entre frisbee, barbecue et murs d’orgue électrique, accouchant d’un parcours initiatique de 21 titres où les interludes et ambiances peignent des songes sonores (‘Pigments’, ‘A Life Less Melancholy’) avant d’embarquer sur les rapides tortueux des eaux bouillonnantes de l’inspiration (les 11 minutes titanesques de ‘Taken By The Hand’).
Les îles abordées hissent bien haut les couleurs de Black Sabbath, des Foo Fighters, des Beatles ou de Yes, laissant les sons prendre la parole pour rappeler à quel point la musique créée par des êtres humains rapprochent celles et ceux qui la font de celles et ceux qui l’écoutent. Les cris et improvisations en forme de labyrinthes de ‘Golden Sail’ en sont la preuve, tout comme l’utilisation de la quadriphonie, le disque devenant un des rares exemplaires à devenir entièrement surround depuis la création du système dans les années 60.