A tous ceux qui ne le voyaient pas se relever de ses cendres après le départ d’Urban Breed, Tad Morose a tenté avec courage de leur donner tort depuis son retour aux affaires en 2013. Toujours mené de main de maître par Christer Andersson et ayant désormais Ronny Hemlin comme frontman, le quintet suédois peine néanmoins à s’imposer sur le devant de la scène heavy metal. Dixième opus du combo, et quatrième depuis sa reformation, "March Of The Obsequious" va tenter de briser le plafond de verre auquel ses auteurs semblent se heurter depuis maintenant trois décennies.
Doté d’une production toujours aussi puissante, massive et efficace, le nouveau venu de la discographie de la formation de Bollnäs démarre sur les chapeaux de roues avec un titre éponyme alliant gros riff, double pédale et refrain accrocheur. Ce dernier point ayant souvent été un des principaux points faibles du groupe, voici qui procure un peu d’optimisme pour la suite. Et il est vrai que cet album ne manque pas d’atouts, se faisant parfois théâtral (‘Witches Dance’), empruntant une intensité digne de Dio le temps du monumental ‘Pandemonium’, ou s’aventurant sur des territoires plus mélodiques et cinématiques tels ceux sur lesquels régnait Queensrÿche à sa grande époque (‘Phantasm’).
Malheureusement, ces bonnes intentions s’avèrent finalement insuffisantes bien que traduisant une qualité sans faille, que cela soit au niveau des compositions ou de l’interprétation. Pourtant, Andersson & Cie ne semblent pas loin de basculer du bon côté de la frontière les séparant des formations les plus en vue du genre. Ils vont même jusqu’à intégrer des éléments melodeath le temps d’un ‘Escape’ aux atours dignes des compatriotes d’In Flames. Ajouté aux différents éléments évoqués plus haut, ce point permet ainsi aux Scandinaves d’éviter une trop grande linéarité qui handicapait plusieurs de leurs précédentes parutions. Mais tout cela reste insuffisant pour permettre une accroche d’un ensemble dans lequel il reste encore difficile de pénétrer.
Il reste donc à Tad Morose à trouver le petit quelque chose en plus qui lui permettra d’atteindre des sommets qui semblent néanmoins à portée de main. Un travail au niveau des refrains pourrait être une piste pour rendre plus accrocheuses des compositions d’une qualité évidente. D’une durée épurée évitant de sombrer dans l’ennui, "March Of The Obsequious" reste une base solide sur laquelle s’appuyer pour faire passer le heavy metal sombre des Suédois à l’étage supérieur qu’ils méritent de rejoindre grâce à leur talent et à leur persévérance.