Patrick Carlsson est un guitar heroe suédois assez discret. Bien que « Mélodic Travel » ne soit que son deuxième album solo, ce musicien s’est escrimé à maintes reprises dans divers projets musicaux : on a notamment pu apprécier ses talents dans des tributes à Jason Becker et Shawn Lane… Sachant que ces deux derniers étaient loin d’être des bras cassés, on peut présager des capacités guitaristiques de Carlsson.
Avec un total de 16 titres et une galette remplie au taquet, Patrick Carlsson nous livre ici un album assez particulier… En effet, on est assez loin des clichés récurrents que l’on rencontre dans le milieu de la musique instrumentale axée guitare. L’album donne une impression générale d’exercice intimiste : la production, assez minimaliste, met très en avant la guitare lead… Les accompagnements sont très pauvres et sonnent comme s’ils étaient joués au fond de la cave, les batteries sont des pistes programmées, avec des sons assez peu naturels. Le propos musical est vraiment concentré sur la guitare lead et donne le sentiment que tous ces morceaux ont été joués en une seule prise à la manière d’une démo… Comme si Carlsson jouait dans son salon, rien que pour nous, sur des pistes play-back (on s’étonne presque de ne pas y entendre des pains), afin de nous donner des leçons de maîtrise de l’instrument et de feeling.
Plusieurs styles musicaux et influences se mélangent mais le fil conducteur reste cette signature minimaliste au niveau de la production (qui permet cependant d’apprécier au maximum, au travers d’un son de guitare très chaleureux et pur, le phrasé et le toucher du guitariste) ainsi que cette recherche judicieuse de thèmes très mélodiques et interprétés avec beaucoup de talent et feeling.
Ici, même si la technique est bien présente, les titres restent axés sur la mélodie et la finesse de l’interprétation : jamais on n’assiste à une débauche de technique. Les thèmes sont bien amenés, très facilement accessibles (ils rappellent parfois des mélodies intégrées dans la mémoire collective sans que l’on sache d’où cela provient) : au titre des influences, on sent assez fortement des maîtres tels que Satriani, Vai, Santana, Becker ou Lane…
Pour résumer cet album, on pourrait dire que si on ne se concentre que sur la gratte, alors on peut vraiment apprécier la proximité que Carlsson a sûrement voulu mettre entre son instrument et l’auditeur… Par contre, si on attend d’un morceau qu’il nous propose une coloration non exclusivement mono instrumentale, alors on reste un peu sur notre faim car, du fait de cet aspect dénué de fioritures, on perd en richesse et en ampleur au niveau des compositions… Carlsson aurait pu choisir moins de titres et les développer davantage en soignant la production et en enrichissant les accompagnements et orchestrations. Très bien interprété, voilà donc un album fortement conseillé aux guitaristes...