MARTIN SWAMPS: Worries Blues (BLUES) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Très tôt, le Québécois Martin Swamps est tombé en amour de la musique rurale traditionnelle américaine. Et il n’a pas fait les choses à moitié pour assouvir sa passion. De Nashville à Memphis, du Mississippi à la Louisiane, ses différents road trips l’ont conduit aux sources du delta blues, là où, au début du siècle dernier, le blues noir et la country music blanche se nourrissaient mutuellement de leurs influences folkloriques respectives. Au cours de ses recherches anthropologiques, Martin Swamps s’est imprégné du son et de la manière de jouer des pionniers pour se les approprier et en faire sa propre musique, qu’il nous propose de découvrir en toute humilité dans son premier album "Worries Blues".

Tout dans cet album respire l’authenticité. La musique de Martin Swamps a beau être d’une simplicité confondante, celle-ci n’est jamais ni surjouée ni factice, à l’inverse notamment de celle de Seasick Steve avec laquelle il serait très réducteur de la comparer. En effet le choix des instruments n’est ici jamais anodin ni forcé, mais toujours au service de la couleur musicale des morceaux. Le Québécois n’est pas là pour se donner un genre, il croit réellement en sa musique et lorsqu’il joue du diddley bow sur le blues minimaliste ‘I Need A Hundred Dollars’ ou du banjo sur ‘Hier’O Soir’, titre de musique cajun chanté en français, c’est uniquement parce que ces chansons le nécessitent.

D’ailleurs, comme il se doit en hommage à la musique traditionnelle des états du sud, c’est la fameuse guitare à résonateur que Martin Swamps utilise le plus sur "Worries Blues". Plus communément appelée Dobro (du nom de ses concepteurs, les Dopyera Brothers), elle lui permet d’obtenir ce son métallique caractéristique du delta blues (‘Worries Blues’, ‘Too Long’, ‘Goodbye Love’), mais aussi de la country music originelle (‘How Can It Be’, ‘Bout To Move’) et du bluegrass (‘The Cats Rag’). D’autant plus que Martin Swamps est aussi à l’aise en picking qu’avec un bottleneck, à l’instar de la reprise plus vraie que nature du ‘Oh Death’ de Charley Patton.

Reste à savoir quel public peut être séduit par une musique aussi roots, mis à part les vrais fans de musique traditionnelle américaine. Mais si le pari de Martin Swamps de faire revivre ce style séculaire est très osé, sa foi en sa musique est suffisamment émouvante pour mériter tout notre respect et nos encouragements.

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