Groupe normand fondé en 2005 et auteur de deux premiers albums dans cette première décennie du XXIe siècle, Anaphora revient en scène après un hiatus discographique de 12 ans en nous proposant avec "Exodes" un nouveau concept relatant l’abandon de la Terre par les Hommes qui, après avoir saccagé la planète bleue, partent à la recherche d’un nouveau point de chute.
Pour nous conter cette histoire (en français), Anaphora s’appuie sur une musique typiquement néo-progressive, portée par des claviers aux sonorités héritées des 90’s, sublimés par des guitares tour à tour chantantes ou agressives. Le ton est donné d’emblée par 'Exode – Prologue' qui, en une grosse minute, distille les différents ingrédients de la belle mixture qui attend l’auditeur durant une petite heure : une farandole de claviers cosmiques, une guitare tranchante qui pousse un premier thème mélodique et une batterie qui soutient l’ensemble à grands renforts de battues à contretemps. 'L’Ennemi du Bien' enfonce le clou en ajoutant une cerise supplémentaire sur le gâteau, avec la voix androgyne de Cathy Soler : on pense très rapidement à Daniel Balavoine, mais pour ceux dont la culture néo-progressive s’avère étendue, c’est vers Lou Van Der Cruyssen, chanteuse originale de Saqqarah sur l’album "Genèse", que les oreilles vont se tourner.
Et tout comme Saqqarah, Anaphora nous délivre des titres aux mélodies accrocheuses et aux orchestrations soignées, enchaînant les différents thèmes et variations au sein de chaque morceau. L’auditeur suit avec intérêt le déroulement de l’histoire et, quand le récit s’arrête, c’est pour laisser place à de superbes passages instrumentaux, illuminés bien entendu de soli de guitare (‘Partir Loin d’ici’, ‘Changer d’Univers’), mais laissant également la place aux claviers ou à la basse. A ce titre, il convient de souligner le très intéressant jeu entre ces derniers tout au long de ‘Faire le Chemin à l’Envers’, le tout sur fond de rythmiques impaires du meilleur effet. Et pour donner encore un peu plus de consistance à l’ensemble, un petit détour par le metal et quelques passages bien pêchus permet à Anaphora de lâcher les chevaux, tout en conservant ses aspects mélodiques (‘Changer d’Univers’), rapprochant ainsi ces parties de Nemo.
Aux lecteurs rebutés dès la survenue du mot neo-prog dans les premières lignes d’une chronique, il faut conseiller, comme à tous les autres, de se pencher d’urgence sur "Exodes", tant Anaphora s’avère bluffant de créativité et de technicité, méritant un immense coup de projecteur sur une galette qui devrait en ravir plus d’un.