BILLY HOWERDEL: What Normal Was (POP) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Sa nouvelle orientation musicale était déjà manifeste sur "Eat The Elephant", le dernier album en date d’A Perfect Circle. Avec ce premier album solo sous son nom (Ashes Divine était déjà un projet solo), Billy Howerdel va jusqu’au bout de ses idées. "What Normal Was" est l’album post-punk et cold wave que tous les nostalgiques de Depeche Mode, The Cure, Siouxsie and The Banshees ou encore Cocteau Twins attendaient sans y croire vraiment.

A bien y réfléchir, tout cela est parfaitement cohérent. Avant d’être le guitar tech de Tool, et donc de rencontrer Maynard James Keenan avec lequel il fonda A Perfect Circle, Billy Howerdel a été le technicien guitare de Nine Inch Nails. Trent Reznor n’ayant jamais caché son admiration pour Depeche Mode et Joy Divission, les deux hommes ont sans doute eu des tas de choses à se raconter. Surtout que, comme tout musicien dont l’adolescence a été bercée par la new wave des années 80, les influences musicales de Billy ont été forgées au son des boîtes à rythmes et des nappes synthétiques de claviers.

La grande réussite de "What Normal Was" est justement d’éviter tous les écueils kitsch qui auraient pu plomber l’album, dont la majorité des compositions nous replongent dans des ambiances musicales vieilles de 40 ans. Au contraire, même s’il est passablement nostalgique, cet album se révèle étrangement moderne, grâce d’une part au talent de compositeur de Billy Howerdel et d’autre part, à son choix assumé de n’utiliser les guitares que lorsqu’elles sont strictement nécessaires, privilégiant les claviers, les basses et les ambiances electro. C’est là toute la science de composition du musicien dont l’instrument de prédilection reste la guitare mais dont l’ambition principale est d’abord et avant tout d’écrire de bonnes chansons.

De ce point de vue, "What Normal Was" est un sans-faute indéniable. Chaque titre a sa propre couleur musicale, lorgnant tour à tour vers Depeche Mode (‘Selfish Hearts’, ‘Follower’), The Cure (‘Free And Weightless’, ‘Bring Honor Back Home’) et la dark wave (‘Ani’, ‘Beautiful Mistake’), tout en créant des ponts troublants et subtils avec le dernier album d’A Perfect Circle (‘Poison Flowers’). De cette subtilité d’écriture nait au fil des écoutes une émotion palpable, entre rêverie contemplative (le magnifique ‘EXP’, le très émouvant ‘Stars’) et nostalgie d’une époque que beaucoup, avant cet album, pensaient définitivement révolue.

Dans les années 80, "What Normal Was" aurait sans doute été qualifié de chef-d’œuvre. Aujourd’hui, au milieu de la production actuelle et malgré le regain d’intérêt de certains pour la synthwave, il fait plutôt office de madeleine de Proust pour quinquas. A moins qu’une certaine jeunesse ne s’en empare pour en faire un renouveau du post-punk, qui sait ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite car Billy Howerdel y a mis tout son cœur, et ça s’entend vraiment.

BILLY HOWERDEL

WHAT NORMAL WAS

BMG

POP