Entre deux albums de Nile, Karl Sanders, tête pensante du groupe, profite d’instants de répit pour écrire une musique éloignée des contingences du death. Il a composé pour “Saurian Meditation” ou pour “Saurian Exorcisms” des pistes instrumentales similaires aux interludes des disques de Nile. “Saurian Meditation” avait divisé, car certains y voyaient du pur génie et une cohérence totale, alors que d’autres notaient un manque de substance. "Saurian Apocalypse", troisième volet de cette saga, est soutenu par des musiciens de renom tel le shredder Rusty Cooley (Day of Reckoning) ou Georges Kollias de Nile. Est-ce que pour ce nouveau disque la cohérence s'unira à la profondeur ?
Le disque offre deux visages : d’une part des pistes rythmées par des tambours ethniques, d’autre part des plages morbides aux nappes étirées (‘Skull Fuck Ritual (Skull Breach Edition)’). De prime abord, le disque étonne par ces couches sonores et la force évocatrice de pistes peuplées de visions cauchemardesques. ‘No Creature More Deserving of Cataclysmic Annihilation’ qui clôt le disque sur une note glauque est une fresque variée et brûlante. Le travail sur les mélodies est intéressant, souvent ponctué de beaux solos de guitare (‘Divergence’ ou ‘The Long Awaited Third Primordial Ascension’) ou que quelques notes de six-cordes acoustiques sont égrainées ici et là, comme les perles de rosée dans un désert aride.
Voici un voyage hypnotique à travers des climats variés aux harmonies subtiles et multiples, aux percussions ethniques et au chant tribal. "Saurian Apocalypse" empile nappes de clavier et percussions avec savoir-faire, même si ses pistes manquent parfois de substance et de piquant. Oscillant entre le dispensable et le superbe, il étonne tout autant qu’il déçoit...